L’Abbé Pierre… jamais content

23 Avr, 2019 | 0 commentaires

Faisant suite à L’enquête nationale logement en 2013 de l’INSEE,  le 24è rapport annuel du mal-logement de la fondation Abbé Pierre a été récemment publié.

Ce rapport très fouillé (374 pages) précise :

  • À intervalles réguliers depuis 1955, l’Insee produit une enquête nationale Logement (ENL), posant des centaines de questions à la population française sur ses conditions d’habitat. La dernière enquête disponible datait de 2006. Celle menée en 2013, dont nous exploitons ici les résultats, permet donc de mesurer l’impact de la crise économique sur l’état du mal-logement.
  • Certaines limites de ces chiffres sont inhérentes à l’enquête nationale Logement (ENL). Même si elle est de grande ampleur, l’ENL reste une enquête par échantillon (menée auprès de 27 000 ménages en France métropolitaine).

La méthodologie étant précisée, le constat est sans appel :

  • Ce sont donc 14 620 000 personnes qui sont victimes de la crise du logement, qu’elles soient mal-logées ou fragilisées par rapport au logement.
  • Entre 2001 et 2012, le nombre de personnes sans domicile a augmenté d’environ 50 %, d’après l’enquête sans-domicile de l’Insee
  • Si les ménage en impayés, d’après l’ENL, semblent aussi nombreux en 2013 qu’en 2006, les chiffres du ministère de la Justice montrent quant à eux une augmentation régulière des contentieux pour impayés de loyers ou défaut d’assurance. Entre 2006 et 2017, le nombre de ces procédures est passé de 132 000 à 151 000, soit une hausse de 14 %, tandis que les expulsions avec le concours de la force publique ont augmenté de 44 % au cours de la même période.
  • Entre 2006 et 2013, le nombre de ménages propriétaires en impayés de remboursement d’emprunt ou de charges est en hausse, passant de 70 000 à 82 000 (+17 %), soit 352 000 personnes. Au-delà des ménages en impayés au moment de l’enquête, près de dix fois plus ont indiqué avoir eu, au cours des 24 mois précédant l’enquête, des difficultés à payer leur remboursement d’emprunt et leurs Leur nombre est passé de 555 000 ménages en 2006 à 782 000 en 2013 (soit 2 342 000 personnes) : une hausse de 41 % en sept ans.

Ces quelques chiffres appellent deux brefs commentaires de ma part :

  • La pauvreté au rang de laquelle le mal-logement est certainement une des sources du mouvement dit des « gilets jaunes ». C’est pourquoi il ne s’arrêtera pas avant de profonds changements de notre actuelle société.
  • Le moment de devenir propriétaire bailleur dans l’immobilier d’habitation n’est pas la bonne stratégie patrimoniale, comme je l’explique dans le « rendez-vous mensuel d’avril 2019 » du CPH.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

LETTRE D’INFORMATION


DERNIERS BILLETS MIS EN LIGNE


Certificats d’économie d’énergie : vous avez dit économie ?

Certificats d’économie d’énergie : vous avez dit économie ?

Le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE), créé en 2005 pour inciter à la maîtrise de la consommation énergétique, est dénoncé comme complexe, opaque et coûteux. La Cour des comptes juge ses résultats difficiles à mesurer et entachés d’un fort effet d’aubaine. Financé hors budget de l’État, son coût — environ 5,3 milliards d’euros par an — est répercuté sur les factures des ménages et des entreprises. Ce mécanisme ferait ainsi peser directement sur les consommateurs le financement de la politique énergétique.

Laizinjeccions : on peut débattre de tout, sauf des chiffres !

Laizinjeccions : on peut débattre de tout, sauf des chiffres !

Une étude de l’AIMSIB analysant les données officielles de 28 pays européens pour explorer les corrélations entre mortalité toutes causes confondues et injections anti-Covid. Les auteurs y affirment que les corrélations positives…

Banques et assurances françaises ? Tout va bien !

Banques et assurances françaises ? Tout va bien !

Le système bancaire français reste globalement solide fin 2024, malgré une légère hausse du risque de crédit, surtout pour les PME et la consommation. Les assureurs affichent une collecte en hausse et un marché en croissance, mais leur ratio de solvabilité recule et leurs placements, très majoritairement en valeurs mobilières, interrogent sur leur résilience réelle.

Le changement climatique n’est pas catastrophique. Si c’est Bill qui le dit !

Le changement climatique n’est pas catastrophique. Si c’est Bill qui le dit !

évolution des discours sur le changement climatique : certains dirigeants comme António Guterres appellent toujours à agir, tandis que d’autres figures – Ted Nordhaus, Bill Gates ou certains rapports scientifiques récents – nuancent ou revoient leurs positions sur l’impact du CO₂ et les scénarios catastrophistes. Le texte s’interroge enfin sur les enjeux économiques liés aux marchés du carbone et appelle à passer à l’action.

Énergie électrique : entre volonté politique et effets secondaires !

Énergie électrique : entre volonté politique et effets secondaires !

La transition électrique portée par des choix politiques dissimule des coûts réels : dépendance au lithium, extraction polluante, recyclage des batteries et enjeux géopolitiques. Le succès écologique affiché du véhicule électrique cache des externalités stratégiques et environnementales majeures.

SOCIAL