Faisant suite à L’enquête nationale logement en 2013 de l’INSEE,  le 24è rapport annuel du mal-logement de la fondation Abbé Pierre a été récemment publié.

Ce rapport très fouillé (374 pages) précise :

  • À intervalles réguliers depuis 1955, l’Insee produit une enquête nationale Logement (ENL), posant des centaines de questions à la population française sur ses conditions d’habitat. La dernière enquête disponible datait de 2006. Celle menée en 2013, dont nous exploitons ici les résultats, permet donc de mesurer l’impact de la crise économique sur l’état du mal-logement.
  • Certaines limites de ces chiffres sont inhérentes à l’enquête nationale Logement (ENL). Même si elle est de grande ampleur, l’ENL reste une enquête par échantillon (menée auprès de 27 000 ménages en France métropolitaine).

La méthodologie étant précisée, le constat est sans appel :

  • Ce sont donc 14 620 000 personnes qui sont victimes de la crise du logement, qu’elles soient mal-logées ou fragilisées par rapport au logement.
  • Entre 2001 et 2012, le nombre de personnes sans domicile a augmenté d’environ 50 %, d’après l’enquête sans-domicile de l’Insee
  • Si les ménage en impayés, d’après l’ENL, semblent aussi nombreux en 2013 qu’en 2006, les chiffres du ministère de la Justice montrent quant à eux une augmentation régulière des contentieux pour impayés de loyers ou défaut d’assurance. Entre 2006 et 2017, le nombre de ces procédures est passé de 132 000 à 151 000, soit une hausse de 14 %, tandis que les expulsions avec le concours de la force publique ont augmenté de 44 % au cours de la même période.
  • Entre 2006 et 2013, le nombre de ménages propriétaires en impayés de remboursement d’emprunt ou de charges est en hausse, passant de 70 000 à 82 000 (+17 %), soit 352 000 personnes. Au-delà des ménages en impayés au moment de l’enquête, près de dix fois plus ont indiqué avoir eu, au cours des 24 mois précédant l’enquête, des difficultés à payer leur remboursement d’emprunt et leurs Leur nombre est passé de 555 000 ménages en 2006 à 782 000 en 2013 (soit 2 342 000 personnes) : une hausse de 41 % en sept ans.

Ces quelques chiffres appellent deux brefs commentaires de ma part :

  • La pauvreté au rang de laquelle le mal-logement est certainement une des sources du mouvement dit des « gilets jaunes ». C’est pourquoi il ne s’arrêtera pas avant de profonds changements de notre actuelle société.
  • Le moment de devenir propriétaire bailleur dans l’immobilier d’habitation n’est pas la bonne stratégie patrimoniale, comme je l’explique dans le « rendez-vous mensuel d’avril 2019 » du CPH.