GRANDEUR ET DÉCADENCE D’UN PRODUIT D’INVESTISSEMENT
Un récent article d’une revue économique, destinée au grand public, me donne l’occasion de revenir sur quelques points concernant ce qui fut, à ce qu’en disaient les médias : « Le placement préféré des Français ».
Le titre est alléchant : « Assurance vie : les meilleurs bonus sur le fonds euros pour doper votre rendement ». La suite l’est tout autant :
- « Les assureurs renouvellent leurs offres de bonus au deuxième semestre 2024. Retrouvez dans ce tableau récapitulatif mis régulièrement à jour les meilleurs boosts de rendement sur le fonds euros».
Le journaliste nous explique que les assureurs ont besoin de collecter des fonds, avant que la banque centrale européenne (BCE), baisse ses taux directeurs, ce qui entrainera une baisse de rendement des obligations, dont celles de l’état :
- « c’est le rendement de ces obligations qui dictent la performance des contrats d’assurance vie, tout du moins sur la partie garantie en capital, le fonds en euros. Ces supports sont en effet composés à 80% d’obligations. Il est donc urgent pour les assureurs de collecter de l’argent auprès des épargnants pour acheter et placer dans leur portefeuille des obligations aux taux actuels, avant qu’ils ne chutent».
Ensuite, nous apprenons : « que le rendement affiché par une obligation reste le même pendant plusieurs années ». C’est heureux, car, c’est le principe même, d’une obligation ! Bref, pour le journaliste, souscrire actuellement aux produits offrant un « bonus » sur les fonds euros, est une opération « gagnant-gagnant » :
- « L’accord est donc gagnant-gagnant : les épargnants sont assurés d’obtenir une bonification sur le rendement de leur contrat en 2024 – voire 2025, et, de leur côté, les assureurs améliorent le rendement moyen de leur fonds euros, pour attirer de nouveaux clients dans les années qui viennent».
Un exemple, cité par un cabinet de conseil en gestion de patrimoine, renforce la démonstration journalistique, de façon alléchante :
- « il est possible d’obtenir entre 4,5% et 5% de performance garantie en 2024 ».
Et le journaliste, d’expliquer les deux types de « bonus » proposés par les assureurs :
- « Avec les premiers [bonus sur encours], vous obtenez un taux bonifié si vous détenez sur votre contrat un certain pourcentage de supports à capital non garanti (les unités de compte ou UC) en fin d’année.
- Avec les bonus sur versement, plus fréquents, vous êtes récompensé d’un boost de rendement sur les sommes versées, en contrepartie d’un versement minimum en UC (entre 30% et 50%) ».
Comme nous l’explique l’humoriste Anne ROUMANOFF : on ne vous dit pas tout ! En effet, il faut toujours avoir en tête que quelque soit le produit, s’il est intrinsèquement de bonne facture pour son acheteur, pourquoi lui ajouter un « bonus » ?
Pour ce qui est de l’assurance vie, il faut savoir que le ratio de solvabilité imposée aux sociétés d’assurance est d’au moins 4% sur les contrats en euro, alors que pour les contrats en unité de compte (UC), il n’est que de 1% !!!
Cette différence, de taille, s’explique du fait que dans un contrat en UC, le risque est supporté par l’épargnant et non par l’assureur. En effet, celui-ci est tenu, uniquement sur le nombre d’unités de compte souscrites et non pas sur l’évolution de leur valeur !!!
De plus, comme je vous l’ai révélé le 14 janvier 2020, le code des assurances a été profondément modifié le 24 décembre 2019. Le nouvel article A 132-16-1, autorise les sociétés d’assurance à « reprendre » la provision pour participation aux bénéfices (PPB), qui je le rappelle, est la propriété des assurés. Cela représente quand même 55 milliards d’euros !😥.
Résumons, les sociétés d’assurance intègrent des fonds appartenant aux assurés… dans leur fonds propres 😡. Cela ne leur suffisant pas, ils tentent la « carotte du bonus », auprès des souscripteurs, par une campagne médiatique, savamment orchestrée. Chapeau l’artiste 😉.
Ne vous laissez pas tenter et mieux, sortez sans tarder de ce produit qui est, pour les fonds en euros, rempli de dettes qui ne seront jamais remboursées 😥. L’assurance vie, depuis longtemps, comme le disait en son temps, le regretté Fernand RAYNAUD … ça eût payé, mais ça paye plus !
« Si l’on dit la vérité, on est certain d’être démasqué tôt ou tard »
(Oscar Wilde)
Chers lecteurs, prenez soin de vos économies. Je vous aime et vous salue.
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