L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION DU MONDE MULTIPOLAIRE
Alors que les plus chanceux d’entre nous sont déjà partis, ou bien, se préparent à se ressourcer quelques jours, voire plus, si affinité, il m’a semblé judicieux de faire… un retour dans le passé.
Je reviens neuf années en arrière, exactement, le 31 janvier 2021. Je publiais alors, un billet dont j’ai repris le titre aujourd’hui. Dans celui-ci, je me livrais à quelques constats, ainsi qu’à l’exercice de l’anticipation.
J’analysais la portée des sanctions prises à l’encontre de la Russie, un des principaux pays des BRICS, et surtout, sa réaction : se mettre au travail, pour « recréer », si possible, en mieux, ce dont elle était privée, du fait des sanctions. J’écrivais :
- « la Russie a annoncé le 12 novembre dernier qu’elle lançait son propre système de paiement (opérationnel en mai 2015), lui permettant de s’affranchir du réseau Swift. Cette décision pourrait bien avoir des répercussions à long terme.
- Le 9 septembre dernier, le vice-premier ministre russe Igor SHUVALOV, a annoncé que les deux pays avaient signé un pacte de coopération économique visant à développer le nombre de transactions bilatérales, réglées en roubles et en yuan et à la coopération mutuelle de leur système bancaire.
- On comprend mieux l’acharnement de Washington pour faire chuter la Russie, quand on sait qu’elle participe activement au développement d’organisations internationales non maîtrisées par les USA : les BRICS et l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS).
- En septembre dernier, Monsieur Ghanashyam, haut-commissaire de l’Inde au Cameroun, a notamment déclaré : « les échanges commerciaux entre l’Afrique et les pays membres du groupe des BRICS, ont crû plus rapidement au cours de ces dernières années, que les échanges entre l’Afrique et toutes les autres régions du monde ».
- La montée en puissance des institutions financières des BRICS : la Banque de développement des BRICS (NDB) et le Fonds de stabilisation des BRICS vont accélérer cette tendance.
- Par l’effet d’entrainement des BRICS, de l’OCS et de l’union Économique eurasiatique (UEE) la Chine et la Russie ne donneraient-elles pas une magistrale leçon de création d’un monde multipolaire en brisant plus de 60 ans d’hégémonie américaine et d’affrontements économiques et militaires entre « l’est et l’ouest »? Nous sommes en route vers « le monde de demain».
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Historiquement créés le 16 juin 2009, à quatre « pays émergents » (Brésil, Russie, Inde et Chine), les BRICS sont passés à dix membres, depuis le 1er janvier 2024.
À cette date, c’est l’intégration de trois pays asiatiques (Iran, Émirats arabes unis, Arabie saoudite) et de deux pays africains (Éthiopie et Égypte). Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de trente pays qui ont exprimé leur vif intérêt à rejoindre les BRICS.
Ce groupement a un poids démographique et économique important. Il abrite 45 % de la population mondiale. C’est un chiffre bien plus élevé que les 10 % du G7 composé des États-Unis, du Canada, du Japon, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la France et de l’Italie.
Les BRICS revendiquent 35,2 % du produit intérieur brut mondial (PIB), sur la base de la parité de pouvoir d’achat (PPA), contre 29,3 % pour le G7.
C’est également la destination de 27,4 % des flux mondiaux d’investissements directs étrangers, tout en représentant environ 40 % de la production et des exportations de pétrole brut. La Russie et l’Iran possèdent ensemble plus de 60 % des réserves mondiales de gaz. Retenez bien ces éléments, ils sont capital.
Dans un récent rapport consacré à l’élargissement des BRICS, la banque de France, reconnait la montée en puissance économique de ce groupement, mais, à mon sens… elle minore sa volonté et sa capacité à affaiblir significativement le poids du Dollar :
- « Compte tenu de la faible intégration commerciale entre les BRICS+, la dédollarisation des échanges commerciaux entre les pays des BRICS+ n’affecterait pas substantiellement l’importance du dollar américain (USD) dans la facturation des échanges mondiaux».
À l’appui de mon raisonnement, je relève que, contrairement à l’Europe, les BRICS gèrent de manière responsable, leur élargissement. En effet, ils viennent de décider d’une pause, pour parfaire l’intégration des récents entrants.
Bref, ils savent parfaitement ce qu’ils veulent et se donnent les moyens d’accomplir les objectifs fixés. Contrairement à « l’occident » et à nous, la France, ils le font méthodiquement, sans précipitation, en travaillant sur un temps long.
« Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il n’a pas de culotte pour passer l’hiver ? »
(Proverbe québécois)
Chers lecteurs, vacanciers ou pas, je vous aime et vous salue.
0 commentaires