Quand on évoque les accords de Bretton Woods, c’est pour parler de la mise en place du système financier international qui est encore le nôtre aujourd’hui. Parallèlement, la France sous la présidence du gouvernement provisoire dirigé par le général de Gaulle « organisait » le système financier des colonies françaises en Afrique.

C’est par le décret n° 45-0136 du 25 décembre 1945,  publié au journal officiel le lendemain, jour où la France ratifie les accords de Breton Woods, que celle-ci crée le franc des colonies françaises d’Afrique plus connu sous l’abréviation de franc CFA qui signifie alors : « communauté financière africaine » pour les sept États de l’Ouest et « Coopération financière de l’Afrique centrale » pour les six autres pays.

L’objectif de cette création est de restaurer l’autorité monétaire française dans ces territoires qui ont été isolés de la métropole durant la Seconde Guerre mondiale.

Le principe monétaire est simple : dans tous les pays membres circulent désormais des billets de nom et de graphismes différents, mais de valeur respective fixe. C’est la règle de la parité. Un franc CFA est égal partout et toujours, à 2 centimes français. Par voie de conséquence, 1 franc français vaut 50 francs CFA.

Le traité de Lagos du 28 mai 1975 crée la communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle regroupe quinze États de l’Ouest africain de langue anglaise, française et portugaise : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo. Son objectif principal est de favoriser l’intégration économique en promouvant la constitution d’un marché intrarégional.

Le franc CFA confère aux pays qui l’ont adopté, grâce à son lien fort avec l’euro, une crédibilité internationale. En revanche, l’euro s’avérant une devise extrêmement forte, les pays de la zone franc CFA souffrent de leur monnaie trop surévaluée, tout le contraire de ce qui se passait lorsque le franc français connaissait de nombreuses dévaluations.

Le 7 janvier 2017, des rassemblements, conférences et manifestations sont tenus à Abidjan, Bamako, Bruxelles, Dakar, Kinshasa, Londres et Paris pour demander la fin du franc CFA.

Retenez bien que, tout comme l’Euro pour nous, s’il assure une stabilité financière aux pays de la zone, il les prive de toute possibilité d’ajustement de politique monétaire. Dont celle de procéder à des dévaluations compétitives pour doper les exportations. Par ailleurs, le haut niveau de l’euro place la zone CFA dans une position souvent défavorable par rapport aux autres pays africains.

Situation particulière de l’Afrique « oblige », la fin du franc CFA est demandée, car « il est une survivance des colonies françaises d’Afrique et constitue une servitude monétaire à laquelle il est temps de mettre fin ». Le monde politique est toujours prompt à « récupérer » tout ce qui peut lui servir, pour se maintenir en place.

Fin 2018, la France tient des négociations secrètes avec « des pays concernés ». Elle accepterait l’abandon du franc CFA à 4 conditions :

  • la nouvelle monnaie soit imprimée en France, et pas en Afrique,
  • la France aura la priorité sur les projets de développement dans ces pays africains,
  • la France aurait un droit de VETO sur la fonctionnalité de cette nouvelle monnaie,
  • l’exploitation des matières premières sera privilégiée en France sauf si la France n’en a pas besoin afin que d’autres pays puissent exploiter.

Le 5è forum économique international s’est tenu à Yalta en Crimée (notez le symbole) du 18 au 20 avril 2019. Les merdias de tout bord ont surtout relevé la présence de Marion Maréchal alors qu’est passée inaperçue la déclaration du député sénégalais Abdoulaye Balde. Pourtant il ne s’agissait là, pardonnez du peut, que d’évoquer la fin du franc CFA, la création d’une monnaie unique sur le continent africain et les répercussions sur l’économie française après ces hypothétiques changements. Comme vous pouvez en juger, ces sujets n’étant pas susceptibles d’intéresser les lecteurs de nos chers merdias alors qu’il y a un véritable parallélisme dans les effets pour les populations, entre l’Euro et le franc CFA. Le député sénégalais s’est donc « confié » à l’agence russe Sputnik !!!

Lors de la réunion de la CEDEAO qui a eu lieu le 29 juin 2019, ses dirigeants ont adopté le nom de leur nouvelle monnaie unique : l’ECO, dont la mise en circulation est prévue pour 2020 et donc la fin du franc CFA à cette même date, pour les pays du CEDEAO qui l’utilisent aujourd’hui. Un point essentiel à retenir est que le principe d’un régime de change flexible pour l’Eco, a été formellement adopté par les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO.

Je pense qu’il faut dépasser la conclusion que la mise en place de l’Eco signifie simplement le déclin de l’influence française en Afrique. Bien que cela soit évident, il faut  s’intéresser vers quoi se dirige « la planète financière ». Il m’apparait nécessaire d’observer très attentivement les mouvements relatifs à la création de nouvelles monnaies telles que la Libra, que j’évoque en détail dans « le rendez-vous mensuel de juillet », exclusivement réservé aux souscripteurs du CPH. De la même façon, il faut resituer le projet de l’Eco dans le cadre du calendrier de l’oligarchie mondialiste, que j’ai évoqué dans mes trois récents billets consacrés au « renouveau » du Bancor.