La parole est à Marie-Éléonore FIANCE
Le saviez-vous ? Nous avons une centenaire à Chantegrives ! Avec ses cent printemps qu’elle vient de fêter le mois d’avril dernier, notre chère Marie-Éléonore est notre doyenne.
Le prénom de Madame FIANCE fleure bon la France d’antan, mais il est bien long. C’est pourquoi nous la prénommons affectueusement « MÉ ». Ne vous fiez pas à son front ridé, car, derrière lui, se trouve un cerveau encore plein de ressources.
Son raisonnement est toujours imparable et son bon sens paysan fait le reste. Elle est toujours très écoutée ici… par les jeunes, autant que les anciens du village !
Au début, était la pub
Si l’expression : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » est bien connue, seuls les plus anciens d’entre nous se souviennent de son origine. La crise pétrolière de 1973 a vu le prix du pétrole bondir à des sommets inconnus jusqu’alors.
En décembre 1973, Valéry GISCARD d’ESTAING, ministre des Finances, lance l’idée d’un changement d’heure à la fin du mois de mars pour limiter la consommation d’énergie. Une fois élu président, il l’impose en 1976.
Plus que de se coucher une heure plus tôt, c’est surtout le bonus d’heure de soleil en fin de journée, qui doit permettre les économies d’énergie.
Pour promouvoir ce changement d’heure d’été et d’heure d’hiver, l’Agence sur les économies d’énergie fait appel à des publicitaires.
C’est le slogan de l’agence LINTAS qui est retenu et largement diffusé : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Il est, depuis, passé dans le langage courant.
Il est amusant de constater que, près de cinquante années plus tard, nous pourrions exploiter ce même slogan, à peine modifié. Hélas, l’époque n’est plus la même et la peur a remplacé l’espérance.
En effet, nous n’avons pas plus de pétrole qu’en 1976, mais… dans la région de Moselle, précisément à Folschviller, des scientifiques ont mis au jour un dépôt massif d’hydrogène naturel. Avec ses quarante-six millions de tonnes, ce véritable trésor souterrain est, actuellement, le plus grand gisement au monde.
Cette découverte, comme souvent, est le fruit du hasard. Les chercheurs du laboratoire GeoRessources, rattaché à l’université de Lorraine et au CNRS, exploraient le sous-sol à la recherche de méthane. Puis… à 1 250 mètres de profondeur, ils ont découvert un gisement colossal d’hydrogène naturel.
De quoi en voir de toutes les couleurs
Le grand intérêt de cette découverte réside dans le fait que c’est de « l’hydrogène blanc ». Le saviez-vous ? Dans notre monde actuel, tout est simple ! Officiellement, l’hydrogène se décline selon six couleurs différentes ! Vert, jaune/rose, bleu, turquoise, noir/brun/gris et, enfin, blanc.
Pour simplifier, il y a l’hydrogène :
- Naturel, qui est extrait directement de la croute terrestre. C’est l’hydrogène blanc.
- Qui est obtenu par différents traitements : électrolyse de l’eau ; vaporeformage ou pyrolyse ou gazéification du gaz méthane. Selon le traitement, il est affublé d’une couleur différente.
Pourquoi l’hydrogène blanc serait-il un cadeau du ciel, ou plutôt, en cette occurrence, un cadeau de la terre ? Tout simplement du fait qu’il n’est pas un vecteur d’énergie qu’il faut produire, comme l’électricité, mais DI REC TE MENT une source d’énergie !
Cela étant, il reste encore de nombreux obstacle, techniques et financiers pour une production de masse. La Chine, comme toujours, a parfaitement saisi tout le potentiel de cette énergie, notamment pour l’industrie automobile.
Ses voitures électriques, qui ne vont pas tarder à inonder l’Europe, seront très bientôt, mues par des batteries à combustible, elles-mêmes alimentées en hydrogène. Elles sont souvent, improprement, appelées voitures à hydrogène.
Conclusion
La Cour des comptes, dans un récent rapport, critique « des stratégies nationales hydrogène aux objectifs irréalistes ». Je retiens que ce document ne tient absolument pas compte de l’hydrogène blanc, ce qui biaise, sérieusement, son analyse.
De son côté, l’association commerciale des armateurs et des exploitants (ISC), autrement dit, l’instance regroupant plus de 80% de la flotte marchande mondiale, considère que l’industrie lourde sera le principal moteur de la demande mondiale en hydrogène, d’ici 2050.
Pour ce qui est des constructeurs automobiles, après le japonais Toyota et le coréen Hyundai, pionniers en la matière, c’est le constructeur allemand BMW, qui croit en l’avenir des piles à combustible pour les voitures électriques.
Même s’il y a des chances que je ne voie pas cela de mon vivant, je pense aussi que l’avènement de cette énergie naturelle est promis à un brillant avenir.
Cette chronique est la dernière de la saison. Je vous donne rendez-vous le lundi 1er septembre, de Chantegrives, ou bien d’ailleurs. D’ici là, passez des vacances reposantes.
Prenez bien soin de vous. Je vous aime et vous salue.
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