Les centrales nucléaires en France, bientôt la fin?….ou pas. Ce vieux débat opposant « les Z’écolos » aux tenants de l’indépendance énergétique de la France, ne date pas d’aujourd’hui et promet de durer encore longtemps. Le feuilleton de la transition énergétique est, lui aussi loin d’être terminé puisque c’est un des thèmes qui va « différentier » les candidats à la future élection présidentielle.

Lorsque l’on oppose le nucléaire qui bénéficie certes d’une production constante d’énergie, mais qui pose de sérieuses difficultés de gestion des déchets, aux énergies renouvelables que sont l’éolien et le photovoltaïque à la production, par nature, irrégulière, ne se trompe-t-on pas de débat ?

Et si nous réduisions notre consommation ? Ne caricaturons pas. Il est possible de consommer moins d’énergie sans pour autant « revenir à l’âge de pierre ». Il suffit juste de changer de comportement et de se préparer au « monde de demain » qui devra, par obligation, être moins énergitivore. Comment pouvons-nous continuer avec notre modèle de croissance infinie dans un monde qui est fini ? Et si nous nous posions les « mauvaises » questions ? L’énergie électrique, qu’elle soit de source nucléaire ou de source éolienne, ne se stocke pas, ou très peu et à petite échelle, sous la forme de batteries.

Nourrissons nos réflexions des expériences du passé. Du temps des moulins à eau et à vent, la question du stockage de l’énergie se posait de la même manière qu’aujourd’hui. Comment « nos anciens » remédiaient à cette difficulté ? D’abord en ayant recours aux animaux : les chevaux ou les bœufs faisaient tourner la roue quand le vent ne soufflait pas ou que l’eau ne coulait pas suffisamment ou avec assez de force. Au Xème siècle, l’Europe est devenue la première civilisation à utiliser les moulins à eaux et à vent à une grande échelle, jusqu’au début de la révolution industrielle. On a compté jusqu’à 200.000 moulins à vent et 500.000 moulins à eau. Il fallait donc trouver d’autres solutions. Nos anciens ont utilisé une nouvelle approche : « puisque nous ne pouvons pas stocker l’énergie du vent ou de l’eau, ne pourrions-nous pas stocker « le travail » qui nécessite cette énergie « capricieuse » ? Un bon exemple est celui du meunier qui travaillait tous les jours, qu’il fasse du vent ou pas. Quand le vent était absent, il entretenait son moulin et stockait le grain puis, quand le vent venait, il se mettait à moudre le « travail stocké ». De même pour la marine à voile qui a longtemps été le plus important moyen de transport, quand il n’y avait pas de vent, les marins réparaient les bateaux ou restaient à terre.

Nos anciens vivaient au rythme et en harmonie avec la nature. Certains rétorqueront alors que ce n’est pas transposable dans notre « monde moderne »…..Le croyez-vous vraiment ? Que dire des « rythmes scolaires » qui sont basés, sur « l’économie touristique » au détriment de la bonne santé de nos enfants ? Il faut « consommer en famille » le week end !!! Il faut alimenter les stations de ski « en famille » pour amortir plus vite le coût des remontes pentes !!! Pour résumer, petit à petit, sans même nous en rendre compte, souvenez-vous du syndrome de la grenouille, nous adaptons notre mode de vie et donc nos corps, en nous éloignant des rythmes de la nature : (matin/soir, jour/nuit, été/hivers…) pour satisfaire à des « impératifs » purement économiques.

Une des conséquences, et non la moindre, est que pour « faire taire » notre corps qui nous dit pourtant clairement « arrête, tu vas te détruire », nous absorbons diverses substances, licites ou pas (alcools, médicaments, drogues) en doses de plus en plus conséquentes, avec les effets d’accoutumance que nous connaissons, sans parler des effets secondaires sur notre « sociabilité » et notre état mental. À ce sujet, il me revient un récent  souvenir.

Ayant fait le choix d’une vie plus agréable et en harmonie avec la nature, dans ma chère Andalousie (déjà 30° C au soleil le midi pour faire la sieste….ce merveilleux outil de productivité délivré sans ordonnance et qui ne contribue pas à aggraver le « trou de la sécu »), je « monte » assez régulièrement à Paris et viens de vivre une situation qui m’a particulièrement surpris.

Arrivant à la station Châtelet du RER, à une heure de pointe (je suis persuadé qu’il en est de même pour d’autres stations de métro), je constate avec surprise la présence sur les quais, d’un nombre important de personnels revêtus de vestes jaunes, ou vertes selon les lignes. Sur celles-ci est inscrit, en lettres biens apparentes « Assistant de régulation » (je suppose que c’est pour ne pas être confondu avec une fraise des bois). Un train approche et chacun de ces « assistants » se place à la hauteur de chaque porte de chaque wagon, les bras largement ouverts (je suppose que c’est pour empêcher un voyageur « dépressif » de se jeter sur la voie) et…..Je n’en crois pas mes oreilles, tous ces braves gens, en « service commandé » nous crient : « attendez l’arrêt du train, écartez-vous et laissez descendre les voyageurs avant de monter » !!!!! Mais dans quel monde vivons-nous ? Où va s’arrêter notre descente ? Non pas du wagon, mais bien dans les tréfonds de l’absurdité. Nous en sommes à trouver « normal » de payer des personnes pour nous dire quand il faut monter dans un train et qu’il est, non seulement de la plus élémentaire courtoisie, mais aussi de la plus grande efficacité, de laisser descendre les passagers avant de prendre place !!!

Mais revenons à l’énergie nucléaire et à notre plus ancienne centrale, celle de Fessenheim qui, comme vous le savez, doit être fermée. Pour entériner cette décision, le 24 janvier dernier est signé un protocole d’accord entre le gouvernement et EDF, concernant la « compensation financière » demandée par notre électricien national, pour « accepter » cette fermeture. La somme est conséquente: 490 millions d’euros. De plus……des « versements » complémentaires sont prévus jusqu’en 2041. Cet acte est« politiquement essentiel », car il concrétise le respect de la promesse du candidat François HOLLANDE, en 2012, de fermer la plus vieille centrale nucléaire française avant la fin de son mandat. C’était un des éléments clés de son accord électoral avec les Z’écolos.

Je vous précise que le réacteur numéro 2 de la centrale de Fessenheim est déjà à l’arrêt. Ce détail est « à garder en mémoire », tout comme les autres faits que je relève chaque jour à votre intention et qui sont mentionnés chaque samedi, dans la rubrique qui porte ce même nom.

Jusque-là, nous sommes dans le « normal », comme le relatent nos grands médias. Mais…..retour en arrière, comme dans tout bon film d’action.

Dans le cadre des malfaçons affectant la centrale EPR en construction à Flamanville, l’autorité de sureté nucléaire (ASN) découvre, lors de ses investigations chez AREVA, le constructeur des centrales, une série de documents dont un, relatif à une pièce défectueuse qui a quand même été installée sur le générateur de vapeur n° 235 du réacteur n° 2 de la centrale de Fessenheim. Il s’agit très précisément, de la virole basse du générateur de vapeur, un cylindre en acier de plus de 4 mètres de haut et de 3 mètres de diamètre, qui a été mal forgé. Cette anomalie de fabrication connue d’AREVA a été totalement cachée à son client EDF.

La faute est grave, car ce problème concerne potentiellement au moins trois réacteurs : Fessenheim 2, Gravelines 5 et l’EPR en construction à Flamanville. L’ASN a réagi en suspendant l’autorisation de la pièce, ce qui signifie l’arrêt du réacteur n°2 de Fessenheim dont je vous parlais en préambule. Elle a aussitôt alerté le tribunal de grande instance de Chalon-sur-Saône. Par ailleurs, suite aux plaintes déposées par Greenpeace et plusieurs associations antinucléaires, le pôle santé du parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. J’invite les lecteurs qui désireraient avoir tous les détails de cette rocambolesque histoire, à lire l’excellent article qu’a rédigé Jade LINDGAARD pour MEDIAPART.

Vous ne connaissez pas l’OPECST ? C’est L’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Composé de dix-huit députés et dix-huit sénateurs, ce « machin » a pour mission, aux termes de la loi, « d’informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin, notamment, d’éclairer ses décisions ». Et bien, figurez-vous que ce docte organisme, composé de 18 députés et 18 sénateurs, a auditionné pendant 2 heures 29 minutes et 12 secondes l’ASN le 25 octobre dernier au sujet des anomalies, des irrégularités détectées sur les équipements sous pression nucléaires et des suites données. Lors de celle-ci, Pierre-Franck Chevet, président de l’ASN, est clair : il emploie plusieurs fois le mot de « falsification de documents » et précise que cette anomalie de fabrication « a des conséquences potentielles pour la sûreté ». Quant à Dominique Minière, directeur exécutif d’EDF chargé de la direction du parc nucléaire, il explique que, dans un premier temps, son évaluation du générateur de vapeur défectueux l’a conduit à penser qu’il n’avait « pas d’impact sur la sûreté » sur le site de Fessenheim 2.  C’est  à croire que FUKUSHIMA n’a pas servi de leçon.

Entre le 25 octobre 2016 et la signature du « protocole si coûteux » du 24 janvier 2017, trois mois se sont écoulés pendant lesquels les décideurs politiques avaient les moyens de « faire baisser la note » demandée par EDF (500 millions ce n’est pas rien). Ne l’oublions pas, lors des prochaines élections législatives…..totalement occultées dans les médias par « les présidentielles ». C’est le meilleur moment pour tenir compte de la capacité de nos représentants à contrôler la « saine utilisation » du fruit de notre travail, je parle de nos impôts. Nous avons la démocratie que nous méritons.

Chers lecteurs, je vous aime et vous salue.