Ce que l’on voit :

Ce 26 août, le ministre du Travail nous apprend que le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi en catégorie A, est en baisse de 0 ,1% au mois de juillet, par rapport au mois de juin. Comme pour le décompte du nombre des manifestants, il y a une lecture différente selon les commentateurs.

En effet, la CGT relève que ce sont 15 100 chômeurs de plus au mois de juillet, toutes catégories confondues et que s’il y a bien une baisse de 0,1 % pour la catégorie A en juillet, sur 1 an c’est une augmentation de 3,9% des chômeurs.

Selon « le média citoyen » AGORA VOX, « les vrais chiffres du chômage en juillet 2015 » sont de 22 200 chômeurs de plus, malgré 303 100 radiés ce même mois et en moyenne, +34 866 chômeurs par mois, au cours des 6 premiers mois de l’année.Loin de ces polémiques « politiciennes », la SNCF recrute.

Vous pensiez connaitre cette entreprise ? Sachez que « la nouvelle SNCF», en application de la Loi n° 2014-872 du 4 août 2014 , est organisée en 3 ÉPIC (Établissement public industriel et commercial) qui couvrent 5 activités : SNCF Réseau, SNCF Voyageurs, KEOLIS mobilité, SNCF Logistics et SNCF Immobilier.

OuiCar, vous connaissez ? C’est un site de « location de voitures entre grandes personnes ». Comme pour beaucoup deStartup, cela commence par un simple constat. « En sortant de la gare, je n’ai pas trouvé de voiture de location pour me rendre à un mariage, j’ai enragé en constatant le nombre de voitures de particuliers inutilisées sur le parking et le long des trottoirs », C’est le déclic pour Marion CARRETTE, qui va créer le site OuiCar.fr.

Quel rapport entre cette belle histoire et la SNCF ? Tout simplement, le fonds d’investissement européen dédié à l’innovation dans la mobilité durable : Ecomobility Ventures, dont la SNCF est un des actionnaires avec TOTAL, MICHELIN, AIR LIQUIDE et ORANGE. Le 25 juin dernier, la SNCF a décidé d’investir 28 millions d’euros dans OuiCar.et Guillaume PEPY son président, de préciser « OuiCar, qui va garder son identité propre, a vocation à s’intégrer dans l’écosystème de mobilité que la SNCF veut agréger autour du métier de base du rail ». La belle histoire continue bien.

Passons maintenant à SNCF Réseau (ex-Réseau ferré de France) qui enregistre pour 2014, une perte de 213 millions d’euros et une dette de 36,78 milliards d’euros, en progression de 9,14% sur 2013. Cette entité emprunte chaque année 5 milliards d’euros. Me croirez-vous lorsque je vous dis que le 21 juillet dernier, elle a emprunté 25 millions d’euros au taux fixe de 2,78% sur…..100 ans !!! Certes, ce montant est faible, mais il représente quand même 69,5 millions d’euros d’intérêts, soit 2,78 fois le montant emprunté. « Un seul investisseur a souscrit à cette opération, c’est un assureur » précise Jérôme PELLET de HSBC qui a conduit cette transaction.

 

Ce que l’on ne voit pas :

Très peu d’entreprises ou d’états parviennent à se financer sur une aussi longue période. L’investisseur unique est un assureur. Il est vrai que les assureurs, avant de devenir « des Sicaviers » comme le dit si bien mon ami Michel BISCH, savaient gérer les risques dans la durée, mais 100 ans, c’est beaucoup, non ?

Dans un communiqué du 17 décembre 2014 l’agence de notation FITCH RATINGS a abaissé les notes de la SNCF à AA. Cela étant, l’ensemble des agences considère la SNCF comme un émetteur de « haute qualité ». Cette appréciation, ainsi que le relève le dernier rapport de FITCH en date du 23 juillet 2014, tient largement compte de la garantie de l’état français. Même si le pire n’est jamais certain, j’ai déjà expliqué où la France en était en matière de dette. Le « pari » pris par l’assureur-investisseur relève à mon sens, d’une démarche spéculative.

N’oubliez pas que les contrats d’assurance-vie sont majoritairement investis en obligations d’état. Pensez-y encore lorsque, dépité par le rendement du livret A (0,75% depuis le 1er août) vous serez tenté par un « bon conseiller » de déplacer vos liquidités de celui-ci vers l’assurance-vie.

Un investissement en euros à très long terme se justifie-t-il ? Oui, dans le cadre d’une gestion patrimoniale, un particulier peut investir sur des durées longues lorsqu’il acquiert des bois ou forêts. Je dis bien, IN VES TIR. Dans le cas de la SNCF, il ne s’agit pas d’un investissement, mais d’un endettement. C’est toute la différence.

Alors que l’investissement en bois/forêts est réalisé au profit des enfants, voir des petits enfants, dans cette affaire, le but pour la SNCF, est l’allongement de la maturité de sa dette.

A mon sens, en cette période durablement très instable économiquement, cette opération s’apparente à un transfert pur et simple du risque d’insolvabilité aux dirigeants et aux collectivités futurs.

Si aujourd’hui, cet emprunt à 100 ans est une première pour un établissement public français, il n’est pas le seul.L’agence BLOOMBERG nous apprend que ce type d’emprunt en euros à 100 ans a déjà été (très discrètement) pratiqué par des entreprises comme BAYER AG en 2005 ou GDF SUEZ en 2011. Mieux, au mois de mars de cette année, le Mexique a été le premier état souverain à emprunter en euros à très long terme : 1,5 milliard d’euros à 4,20% sur 100 ans. Un tel rendement est bien tentant pour nos chères compagnies d’assurances….

Comme je vous le disais dans mon billet précédent : arrêtons de marcher sur la tête.

Ce que voit Alex Andrin

Le pouvoir de changer les choses est à nous.
Pour ce faire, soyons curieux et obstinés.
Posons des questions. Rien ne doit rester tabou.
C’est en restant passif que nous serons ruinés.
Tant de nos certitudes se sont envolées,
Qu’il est temps d’arrêter d’être manipulé.
Gardez confiance, je vous aime et vous salue.