Chers lecteurs, vous connaissez mon attachement à notre belle langue française. Je déplore souvent, entre autres dans ce blog, que pour diverses raisons, le sens initial, profond, de certains mots, soit modifié, voire totalement inversé.

Prenons l’exemple du mot « Garantie ». Pour beaucoup de personnes, c’est un mot magique qui leur confère des droits, point final. Oui, mais… la véritable question à se poser n’est-elle pas : la personne qui me donne sa garantie, est-elle en capacité de l’honorer ? Force est de constater que hélas, en ces temps tourmentés, la parole donnée est très trop souvent très loin de la parole tenue.

Deux récents évènements me donnent l’occasion d’illustrer mes propos. Commençons par la définition juridique de la garantie :

« La garantie » est l’obligation que la loi ou le contrat impose à celui qui transmet la propriété ou la jouissance d’un bien ou d’une créance, de prendre fait et cause pour celui auquel il a transféré ses droits lorsqu’un tiers vient à contester ceux de ce dernier ».

Le 14 avril dernier, notre ministre de l’économie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire, était l’invité de Jean-Jacques BOURDIN dans l’émission « Bourdin direct » sur BFM TV. À cette occasion, il est questionné par le journaliste, sur les aides gouvernementales en direction des entreprises, dans le cadre de la crise sanitaire actuelle.

Sur la question du remboursement des prêts garantis par l’état (PGE), évoquant le sort « des entreprises qui sont menacées de faillite, qui sont face à un mur de dettes » il précise : « je ferais le maximum pour éviter des faillites dans notre pays ».

À partir de 6mn 26’’, il précise sa pensée :

« On ne va pas attendre que l’entreprise se prenne le mur, on va regarder sa situation, l’étudier tous ensemble et voir s’il faut étaler sa dette, voire annuler sa dette en partie… Je proposerai d’ici quelques semaines un dispositif de concertation et de conciliation qui doit permettre à toutes les entreprises qui sont en train d’arriver face à ce mur de la dette, de leur proposer une solution sur mesure. »

Vous avez bien lu : « Annuler sa dette en partie ». Je résume la situation :

  • Le gouvernement, pour de bonnes raisons, empêche beaucoup d’entreprises de fonctionner, partiellement ou totalement.
  • Il incite les banquiers à leur octroyer des prêts (PGE)… dont il garantit le parfait remboursement, en cas de défaillance des entreprises bénéficiaires.
  • Il va maintenant plus loin en procédant, pour le moment partiellement, à une annulation de la dette.

Sur les 300 milliards d’Euros de PGE, combien ne seront pas remboursés par les entreprises ? C’est ce montant que la collectivité (vous, moi, ceux qui paient l’impôt) va avoir à supporter pour rembourser les banquiers.

Prenez bien conscience que lorsque l’ami Bruno accorde la garantie de l’état, cela signifie que … le garant… c’est nous ☹ ☹ ☹.

Je n’ai rien contre une solidarité nationale pour sauver des entreprises, mais vous devez bien comprendre l’impact économique sur votre patrimoine que signifie « la garantie de l’état ».

 

Le deuxième exemple est celui d’un accord très confidentiel signé entre Paris et Le Caire, le 26 avril dernier. Celui-ci concerne trois contrats relatifs à de l’armement. Montant total de l’opération : 3,95 milliards d’euros.

Nous sommes le troisième exportateur d’armes au monde, derrière les USA et la Russie, mais la question n’est pas là. C’est la partie financière de cet accord qui est au cœur de notre sujet du jour.

Ce contrat de près de 4 milliards d’Euros est une aubaine pour… le Crédit Agricole, la Société Générale, la BNP et le CIC qui sont les prêteurs dans cette affaire. En effet, le trésor public français (traduisez par : nos impôts) garantit le bon remboursement de l’Égypte à hauteur de 85% du prêt. Voilà de quoi rassurer nos chers banquiers.

Ces deux exemples (soyez bien conscient qu’il en existe beaucoup d’autres) vous permettent de mieux comprendre l’application du mot « garantie » par les personnes qui nous dirigent.

« Ce n’est pas ce qu’on dit qui est important, c’est ce que les autres comprennent qui est important »

(Michel Colucci dit Coluche) 

Chers lecteurs, je vous aime et vous salue.