L’union syndicale des magistrats (USM), principal syndicat de magistrats de l’ordre judiciaire français (environ 70 %) est inconnu du grand public. L’autre, le syndicat de la magistrature (environ 30 %) a fait parler de lui dans les merdias en 2013, avec la triste affaire du « mur des cons ».

Plus récemment, il vient de publier sur son site les résultats d’une enquête intitulée « L’envers du décor : Enquête sur la charge de travail dans la magistrature ». 754 magistrats de France, soit 8,6 % de la profession (un taux très élevé pour ce type d’enquêtes), ont répondu à ce questionnaire.

L’objectif de le rendre public est clairement affiché : « Il ne s’agit pas ici de faire plaindre les magistrats, mais de susciter une prise de conscience de l’opinion et des pouvoirs publics sur les conditions dégradées, dégradantes et en dégradation, dans lesquelles la justice est rendue en France ».

Certains témoignages sont glaçants :

  • Question : Savez-vous combien d’heures vous travaillez chaque jour ?
    • Si je comptais le temps, je reconnaîtrais enfin que mon fonctionnement est anormal. Mais je ne suis sûrement pas le seul à refuser de tirer les conséquences de ce constat. (Vice-président, TGI groupe 2, n° 222)
  • Question : vous est-il déjà arrivé de travailler le week-end en dehors des permanences ? À quelle fréquence ?
    • Épuisé, je me suis décidé à ne travailler « que » les samedis et dimanches matin et je m’accorde généreusement les après-midis pour les consacrer à ma famille. Mais il y a des entorses à cette règle. Avec les grilles mises à disposition, j’ai pu évaluer ma charge de travail à 29,5 jours par mois et donc à 0,5 jour de temps libre. (Juge, TGI groupe 4, n° 433)
  • Question : vous est-il déjà arrivé de travailler pendant vos congés ? À quelle fréquence ?
    • Comment faire autrement pour ne pas être noyé ? (Procureur adjoint, TGI groupe 1, n° 333)

Témoignages les plus « perturbants » :

  • Question : votre charge de travail a-t-elle un impact sur la qualité de votre travail ?
    • Je n’ai pas le temps de réaliser correctement les tâches qui me sont confiées, ce qui me perturbe dans la vision du travail que je dois accomplir.(MACJ, chancellerie, n° 712
    • J’ai parfois l’impression de faire du travail à la chaîne.(Vice-procureur, TGI groupe 2, n° 371)
    • Il faut tenir un certain rythme, ce qui implique de survoler certains dossiers.(Juge, TGI groupe 2, n° 78)
    • Je préfère travailler le soir tard, le week-end ou pendant les vacances plutôt que de rendre des décisions bâclées. Mais la fatigue a peut-être un impact sur la qualité de mes décisions.(Conseiller, cour d’appel, n° 507)

Voilà un signe TRÈS fort, du délabrement dans lequel notre pays s’enfonce.