La pratique du pantouflage ne date hélas pas d’aujourd’hui. Elle consiste pour un haut fonctionnaire, souvent aussi, homme politique, de quitter le service de l’état au profit du secteur privé, généralement pour un poste en relation directe avec ses responsabilités. Ce passage « d’un monde à l’autre » se pratique allègrement dans les deux sens et pour certains « malins », plusieurs fois au cours de leur carrière.

Historiquement, la « pantoufle » désignait, dans l’argot de l’École polytechnique, le montant à rembourser en cas de non-respect de l’engagement du diplômé, d’accomplir un nombre d’années minimum (généralement 10 ans) au service de l’état.

Cette pratique courante est dénoncée par certains comme l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement « un phénomène de porosité extrêmement grave entre les élites administratives et les élites économiques ». Pour notre cher « président banquier », c’est au contraire une pratique à conserver. Mieux, il s’est activé pour qu’une loi (n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel), entérine cette pratique.

Dans mon billet du 14 juillet 2013, je vous relatais avec force détails, l’action l’inaction du ministre de l’économie et des Finances de l’époque (accessoirement énarque) Pierre Moscovici, pour séparer par la loi, les activités bancaires en vous citant une phrase d’un député de sa majorité qui résume bien  la situation : « Hélas ! en France, monsieur le ministre, « ce que banquier veut, banquier a », plusieurs membres influents de l’inspection des finances veillant à ne surtout pas égratigner la fabuleuse poule aux œufs d’or pour dirigeants que sont nos méga-banques. N’oublions pas que c’est l’équivalent d’une promotion de l’ENA (près de quatre-vingts personnes) qui dirige désormais les quatre banques françaises soumises au risque systémique, allant y faire fortune après ne les avoir surtout pas réformées ».

Le 28 février 2014, je vous informais de la nomination par le même « ministre Mosco », de Françoise BONFANTE, responsable depuis quatre ans de la filière risques de la banque suisse UBS, et pendant quinze ans directrice de la conformité à UBS France et Europe, au poste de membre de la commission, des sanctions de l’autorité des marchés financiers (AMF), le « gendarme de la bourse. !!!

Aujourd’hui, c’est la nomination du nouveau président de la European Banking Authority (EBA), autrement dit, l’autorité européenne de régulation des activités bancaires qui « interroge ». Il s’agit d’un banquier, José Manuel CAMPA, jusqu’à présent en charge de la conformité chez Banco Santander… Une parmi la trentaine de banques considérées comme « systémiques », c’est-à-dire dont le défaut entraînerait une crise majeure

Plutôt que les discours manichéens sur l’Europe, de notre « Jupiter », il me semble « utile » de retenir ce type d’information lors du vote de nos députés européens le 26 mai prochain.