Le scoop était pour le journal Marianne qui annonçait le 25 janvier de cette année 2019 que son confrère « L’humanité », l’ex-tête de pont du parti communiste français, se déclarait en cessation de paiement. L’affaire n’a pas trainé, car ce 7 février, le tribunal de commerce de Bobigny a placé le journal en redressement judiciaire avec poursuite de l‘activité.
Un journal qui emploie 175 salariés, dont 124 journalistes, pour « sortir » 20 pages par jour à un peu moins de 30 000 exemplaires, alors qu’il perçoit 3,5 millions d’euros de subventions de l’état, autrement dit de nous, ne peut pas « être rentable ». Enchainant perte sur perte, le quotidien a pourtant bénéficié, en plus de ses subventions de l’État, de l’abandon de la part de l’état (encore nous) d’une créance de 4 millions d’euros en décembre 2013.
Voyez en quels termes nos chers députés ont voté l’amendement n° 410 de la loi de finances rectificative pour 2013 présenté par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault : « Après l’article 33, insérer l’article suivant : Les créances détenues sur la Société nouvelle du journal L’Humanité au titre du prêt accordé le 28 mars 2002, réaménagé en 2009 et imputé sur le compte de prêts du Trésor n° 903‑05, sont abandonnées à hauteur de 4 086 710,31 euros en capital. Les intérêts contractuels courus et échus sont également abandonnés ».
Pire, un extrait de l’exposé sommaire de cet amendement : « Or, la Société nouvelle du journal L’Humanité ne peut faire face au remboursement de sa dette contractée auprès de l’État (prêt du fonds de développement économique et social – FDES), sur le capital et les intérêts, parce que ses résultats financiers sont très faibles et qu’elle ne possède plus d’actifs. Par conséquent, il est nécessaire d’abandonner cette créance détenue par l’État sur cette société ».
Et après ça, certains députés ne « comprennent pas » l’hostilité grandissante d’une partie des citoyens de ce pays à leur égard. Pour moi, c’est oui. Et vous, la comprenez-vous ?