Les sanctions peuvent être un aiguillon utile

30 Nov, 2018 | 0 commentaires

Je titrais mon billet du 6 octobre dernier « Sanctions américaines : on peut leur dire merci ». Dans celui-ci j’évoquais le fait qu’en réaction aux sanctions américaines à l’encontre de l’IRAN, Federica MOGHERINI, la « haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité », autrement dit, la dirigeante de la diplomatie européenne (équivalent au niveau européen de notre ministre des affaires étrangères) avait « astucieusement actionné » un texte européen nous donnant ainsi une plus grande marge de manœuvre pour commercer avec l’Iran. Dans ce même billet, je rappelais : « Quelle entreprise (ou particulier) va oser braver les décisions de l’ogre américain en invoquant cette règlementation protectrice, alors que le réseau mondial des paiements interbancaires (SWIFT) et la monnaie mondiale (Dollar) sont totalement contrôlés par les USA et que ceux-ci peuvent actionner comme ils le veulent ces leviers pour nous ruiner ». Et bien… les Russes l’on fait. Et pas qu’eux !!!

Suite aux sanctions américaines et européennes à son encontre, pour la punir de « l’invasion de la Crimée », la Russie avait annoncé qu’elle mettrait en place son propre système de transfert financier électronique, pour s’affranchir du réseau SWIFT. Aujourd’hui, le process est bien avancé. Anatoly Aksakov, chef de la commission parlementaire russe sur les marchés financiers a récemment déclaré : « Le nombre d’utilisateurs de notre système interne de transfert de messages financiers est maintenant supérieur à celui des utilisateurs de SWIFT. Nous sommes déjà en pourparlers avec la Chine, l’Iran et la Turquie, ainsi qu’avec plusieurs autres pays, pour relier notre système à leurs systèmes ».

Comme à leur habitude, les Américains utilisent toutes leurs armes financières et commerciales pour atteindre leurs objectifs, mais… Comme l’analyse parfaitement Le Sakerfrancophone : « La meilleure façon d’exercer votre pouvoir est de le posséder sans jamais l’utiliser. Parce qu’une fois que vous l’utilisez, vous dévoilez à vos ennemis ce qu’il leur coûte de ne pas respecter vos édits […] Une fois que les coûts liés à l’usage de SWIFT dépassent les avantages de la création de votre propre alternative, vous la créez ».

Je vois là une autre manière de s’affranchir du « roi dollar » qui, inexorablement, perd son statut de monnaie mondiale. Comme quoi les sanctions permettent aussi de « s’en sortit » CQFD.

Logiquement, je pronostique que ce qui arrive aujourd’hui avec le système SWIFT, arrivera demain aux GAFA et leur « contrôle abusif » d’Internet. C’est une opportunité que doit saisir l’Europe si elle veut continuer d’exister. Bien sûr que c’est possible. N’est-elle pas en train de réussir son émancipation avec le système GALILÉO ?

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

LETTRE D’INFORMATION


DERNIERS BILLETS MIS EN LIGNE


Certificats d’économie d’énergie : vous avez dit économie ?

Certificats d’économie d’énergie : vous avez dit économie ?

Le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE), créé en 2005 pour inciter à la maîtrise de la consommation énergétique, est dénoncé comme complexe, opaque et coûteux. La Cour des comptes juge ses résultats difficiles à mesurer et entachés d’un fort effet d’aubaine. Financé hors budget de l’État, son coût — environ 5,3 milliards d’euros par an — est répercuté sur les factures des ménages et des entreprises. Ce mécanisme ferait ainsi peser directement sur les consommateurs le financement de la politique énergétique.

Laizinjeccions : on peut débattre de tout, sauf des chiffres !

Laizinjeccions : on peut débattre de tout, sauf des chiffres !

Une étude de l’AIMSIB analysant les données officielles de 28 pays européens pour explorer les corrélations entre mortalité toutes causes confondues et injections anti-Covid. Les auteurs y affirment que les corrélations positives…

Banques et assurances françaises ? Tout va bien !

Banques et assurances françaises ? Tout va bien !

Le système bancaire français reste globalement solide fin 2024, malgré une légère hausse du risque de crédit, surtout pour les PME et la consommation. Les assureurs affichent une collecte en hausse et un marché en croissance, mais leur ratio de solvabilité recule et leurs placements, très majoritairement en valeurs mobilières, interrogent sur leur résilience réelle.

Le changement climatique n’est pas catastrophique. Si c’est Bill qui le dit !

Le changement climatique n’est pas catastrophique. Si c’est Bill qui le dit !

évolution des discours sur le changement climatique : certains dirigeants comme António Guterres appellent toujours à agir, tandis que d’autres figures – Ted Nordhaus, Bill Gates ou certains rapports scientifiques récents – nuancent ou revoient leurs positions sur l’impact du CO₂ et les scénarios catastrophistes. Le texte s’interroge enfin sur les enjeux économiques liés aux marchés du carbone et appelle à passer à l’action.

Énergie électrique : entre volonté politique et effets secondaires !

Énergie électrique : entre volonté politique et effets secondaires !

La transition électrique portée par des choix politiques dissimule des coûts réels : dépendance au lithium, extraction polluante, recyclage des batteries et enjeux géopolitiques. Le succès écologique affiché du véhicule électrique cache des externalités stratégiques et environnementales majeures.

SOCIAL