CE QUE L’ON VOIT
Un simple clic après avoir saisi « conseil en gestion de patrimoine »…..Et 0,88 seconde plus tard, ce sont près de 14 300 000 réponses qui sont consultables sur mon ordinateur. C’est beau le progrès !!! Comment m’y retrouver parmi toutes ces annonces plus alléchantes les unes que les autres ? Je vais aller voir ce que me dit « le WIKI ». Quelle fabuleuse encyclopédie que le WIKIPEDIA. Une véritable bible pour « chercheur pressé ». Comme pour l’Internet, il faut raison garder, ne pas se fier qu’au Wiki et vérifier aussi d’autres sources.
Lisons : « Un conseiller en gestion de patrimoine, gestionnaire de patrimoine ou gestionnaire de fortune est un professionnel se spécialisant en conseil et gestion de patrimoine privé et qui intervient dans la gestion de patrimoine individuel ou familial, incluant le patrimoine fiduciaire ou d’entreprise. Ce rôle peut être décisionnel ou consultatif, selon l’entente de services professionnels. Il conseille ses clients fortunés sur leurs finances, en leur préconisant notamment de placer une partie de leur argent dans diverses opérations boursières. »
Me voilà bien avancé : je ne suis pas une personne « fortunée », je n’ai pas d’entreprise. J’ai déjà « joué en bourse » et même avec profit, mais c’était il y a quelques années. Aujourd’hui, je me demande « ce qu’il faudrait faire », alors que tout augmente…. Sauf les prévisions du montant de ma future retraite.
De nombreuses publicités vantent le « Meilleur investissement PINEL » du moment, ou bien annoncent que « Les taux vont remonter, il est temps de renégocier vos prêts », ou encore « Les résultats de votre assurance vie en Euro sont en baisse, c’est le moment de doper vos résultats avec les unités de comptes ». C’est exactement ce qu’a essayé de « m’expliquer » mon nouveau conseiller bancaire, à propos du contrat d’assurance vie que j’ai souscrit il y a longtemps, avec un de ses prédécesseurs, beaucoup plus compétent.
À ce sujet, j’ai lu que le Crédit Mutuel, « la banque à qui parler », avait investi 3 millions d’euros dans une plateforme de gestion de patrimoine qui vise à dispenser des conseils de manière totalement informatisée. Quand je vous parlais de prôôôgrès tout à l’heure.
Les « jeunes » ne vont pas comme vous et moi dans une agence bancaire. Ils sont « modernes », eux. Ils saisissent sur leur smartphone ou leur tablette, toutes les informations les concernant (revenus, dépenses, impôts, placements…) et « l’informatique » se charge d’établir la « meilleure allocation possible » !!! Vous n’allez tout de même pas m’objecter la dépersonnalisation de la relation ? Elle est voulue et assumée, car elle supprime le « risque de jugements subjectifs » de la part du « conseiller ».
Les programmeurs maison ont bien travaillé, car le client se voit offrir les placements « les plus performants du moment ». La pertinence de ces préconisations est indiscutable, car établie statistiquement par rapport au marché et selon l’appétence au risque du « client type » !!! Comment ? Vous vous permettez de douter que la machine a analysé tous les paramètres psychologiques des clients ? Bien sûr que oui, VOUS êtes le client type….pour LE produit à vendre. Si vous doutez encore, c’est que vous n’avez pas connaissance des immmmmences progrès de l’intelligence artificielle. Arrêtez de vous poser « des questions inutiles » puisque les banques vous disent que « L’automatisation du conseil, c’est l’avenir et aussi, le gage de la performance ET de l’objectivité ».
CE QUE L’ON NE VOIT PAS
Sans aller jusqu’au titre provocateur du journaliste et essayiste américain, James Howard KUNSTLER dans un de ses récents billets « Mais réveillez-vous, bordel », je pense qu’il ne faut pas se laisser « emporter » par le discours ambiant. Il nous faut réagir et résister à cette continuelle déshumanisation de nos sociétés.
C’est vers 1549 qu’Étienne de LA BOETIE, alors jeune étudiant en droit à l’université d’Orléans, analyse les mécanismes par lesquels un peuple peut consentir à sa propre servitude envers un tyran, dans un texte, ô combien d’actualité en 2017 : Le discours de la servitude volontaire. Je vous invite, chers amis lecteurs, à lire et relire ce bijou.
Mais revenons à la recherche du conseil en gestion de patrimoine. Le principe des vases communicants si cher à Antoine Laurent de LAVOISIER, vous vous souvenez ?, j’en ai déjà parlé. Il s’agit, de façon générale, de regarder quel est le bon l’équilibre entre le conseilleur et le conseillé, sans jamais perdre de vue que « les conseilleurs ne sont pas les payeurs » comme le dit un proverbe français de….1568. Tiens ? Toujours à l’époque de LA BOETIE.
De manière habituelle, le conseilleur prétend avoir toutes les qualités requises pour l’exercice de son activité, ce qui est parfois vrai. Le conseillé, quant à lui, se contente (trop) souvent, d’explications générales « convaincantes » et se précipite pour signer le document qui lui permettra…..De payer moins d’impôts……Espère-t-il !!!
La difficulté est qu’actuellement, nous aimons bien « tout avoir gratuitement ». Cette approche perverse, fait que de conseil en gestion de patrimoine (CGP), très souvent, trop souvent, « offre » le bilan à son client. Ce document pourtant essentiel, qui va servir de base à toute la réflexion stratégique « ne vau-t-il rien » ? Le CGP qui ne le facture pas espère « se rattraper » sur les commissions versées par les fournisseurs de produits qu’il ne va pas manquer de proposer. Tout cela par ce que la règlementation des activités du CGP permet, que dis-je, mentionne expressément que ce professionnel prodigue un conseil ET vend les produits qui découlent des dits-conseils. Pour mieux illustrer ce conflit d’intérêts instauré par la règlementation actuelle, c’est la même situation que si, en matière de santé publique, nous avions à faire à un médecin en même temps pharmacien !!!
Maintenant que l’on a examiné la « logique économique » de la majorité des CGP, il est clair que cette activité peut être aisément réalisée par des robots. D’où les investissements « judicieux » du Crédit Mutuel cité au début de ce billet. Bien évidemment, les autres groupes bancaires font de même. Mieux, le groupe PRIMONIAL « leader indépendant en matière de conception, gestion et conseil » s’apprête à mettre en ligne le 31 janvier 2017, sa nouvelle plateforme « LINK by Primonial » qu’il n’hésite pas à qualifier du « meilleur des deux mondes » pour proposer de “bons produits”. C’est quoi le « bon produit »? Je cite : « Un produit simple, hyper simple, plug and play »…..Vous l’avez deviné…..C’est un contrat d’assurance vie !!!! On continue à ne jurer que par lui, alors qu’il est plus que temps de s’interroger sur la pertinence de la conservation de ce type de produit dans son patrimoine. À ce propos, j’ai réalisé à votre intention, un guide de 68 pages vous permettant de répondre à cette question.
Toute prestation a un coût et donc….Un prix. En continuant à considérer que le travail de réflexions, appuyé sur un bilan patrimonial, prélude à l’élaboration d’une stratégie cohérente, se doit d’être gratuit, c’est continuer à encourager le CGP à produire un médiocre travail. En effet, dans cette perspective, ce document doit coûter le moins possible, au cas où le client n’investirait pas dans les produits proposés dans « l’étude patrimoniale ». Seule une juste rémunération de l’activité de conseil permet au CGP de pleinement s’investir dans une démarche de constante qualité, décorrélée de la vente de produits « rémunérateurs ».
Il est temps pour nous tous de « prendre notre destinée en mains ». Tant globalement que patrimonialement, car le déroulement inexorable de la crise vers la ruine des épargnants progresse de jour en jour. Je vous propose maintenant, une réflexion différente. À mon sens, le profil d’un conseiller digne de ce nom, c’est :
- 80% d’honnêteté intellectuelle,
- 15% de bon sens,
- 5% de technique.
Il apparait immédiatement que le conseillé n’a besoin que des 5% de technique, car, s’agissant de son argent, l’honnêteté intellectuelle et le bon sens sont présumés acquis….Quoi que !!! Pour ce qui est du bon sens, relisez l’ami Étienne de LA BOETIE cité plus haut, 10% me semblent plus réalistes, tant le « travail de sape » (c’est l’ancien sapeur-pompier qui remonte en moi), de la publicité financière, façonne les esprits. Elle est totalement faite pour cela, ne l’oubliez pas.
Et si je demandais à « mon conseiller » de m’apporter de manière générale, succincte, mais compréhensible, les rudiments techniques relatifs à mon patrimoine ? Les principes du droit de la famille, de la fiscalité, les grands mécanismes des produits financiers, immobiliers. JE serais à même de prendre les bonnes décisions patrimoniales, me concernant.
Il est temps pour moi, chers amis lecteurs, de vous laisser en compagnie d’Alex ANDRIN et de vous dire : à samedi prochain pour continuer notre réflexion sur ce sujet.
Ce que voit Alex Andrin
Ce qui nous est toujours vendu comme « nouveau »
N’est-il pas simplement fait pour nous endormir ?
Il est plus que temps d’activer notre cerveau
Pour ne pas voir disparaitre sa tirelire.
Reprenons, savamment, nos affaires en mains,
De la sérénité, retrouvons le chemin.
Gardez confiance, je vous aime et vous salue.
Bonjour Monsieur BOELTZ
je suis en train de lire, non sans mal, “LA FINANCE DE L’OMBRE A PRIS LE CONTROLE” de Dominique MORISOD, et, Myret ZAKI.
A priori, je saurai où placer mon épargne, après sa lecture. Sans doute pas dans de l’assurance vie !!
Bonjour Milou,
Myret ZAKI est toujours intéressante à lire.
J’attends vos conclusions.