Ce que l’on voit :

Comme tous les ans, en partenariat avec KPMG, l’Institut Choiseul a publié fin 2014, le « Choiseul Energy Index 2015 » qui mesure la compétitivité et la performance de 146 états en matière énergétique. Il y apparait que la France progresse au 9ème rang mondial alors que l’Allemagne régresse à la 14ème place, quittant ainsi le groupe des « pays les plus performants ».

Selon l’agence internationale de l’énergie (AIE) la production française d’électricité est particulièrement régulière et parmi les moins chères d’Europe, confirmant notre pays parmi les plus performants dans ce domaine.

Une autre « fierté nationale ». Savez-vous que notre célèbre tour Eiffel abrite deux éoliennes. Ces machines installées dernièrement sont implantées au second étage, afin de maximiser leur production. Elles fourniront annuellement, environ 10.000 kWh d’électricité, de quoi couvrir la consommation de… la boutique du 1er étage.

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Sur la totalité de l’électricité produite par la France en 2014, l’énergie éolienne en représente 3,7% soit 17 térawattheures(TWh).

Considérant que les problèmes de sécurité (brouillage des radars militaires à proximité) avaient été levés, Jean-Yves LE DRIAN, notre ministre de la défense, viens de donner en octobre dernier, son accord pour le lancement d’un parc éolien de 52 machines dans les Ardennes. Les chiffres sont impressionnants : budget de 700 millions d’euros. Production de 390 MW d’ici 2020 ( le plus important parc de France)

Actuellement en discussion au parlement, le projet de loi n° 2188 relatif à « la transition énergétique pour la croissance verte » a été présenté à l’Assemblée nationale le 30 juillet dernier par la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, Ségolène ROYAL, dans les termes enthousiastes qu’on lui connait « cette loi tire les leçons des avancées législatives qui l’ont précédée afin de donner sa pleine efficacité opérationnelle à une transition énergétique d’ampleur, positive et concrète, dont le temps est venu ». S’agissant de l’éolien, elle précise : « les énergies éoliennes (terrestre et maritime), solaires et hydrauliques doivent fournir 27 % en 2020 puis 40 % en 2030, de notre électricité, soit deux fois plus qu’aujourd’hui».

Ce discours semble « déphasé », quand on sait que L’Union Française de l’Électricité (UFE), association professionnelle du secteur des industries électriques et gazières a calculé que pour remplacer 20 gigawatts d’énergie nucléaire, il faut 35 gigawatts d’énergie éolienne, soit 20 000 éoliennes.

Pourquoi de telle distorsion dans les appréciations? Il me semble judicieux de reprendre les choses à la base.

Le dictionnaire Larousse nous donne la définition suivante de  renouvelable : Qui est susceptible d’être renouvelé ou prolongé. Qui peut être répété. Se dit de formes d’énergie telles que l’énergie solaire, le vent, les marées, la biomasse.

La confusion des esprits vient du fait qu’on assimile « renouvelable » avec continu et stable alors qu’en matière d’éolien, il s’agit d’une énergie intermittente. En effet, l’énergie hydraulique est maitrisable, car l’eau d’un barrage peut être stockée. Dans le cas de l’éolien, le vent ne se stocke pas et la production d’électricité n’est ni maitrisable, ni continue, ni stable. On ne peut donc pas remplacer des sources énergétiques continues et stables (nucléaires, hydrauliques) par d’autres qui sont intermittentes et aléatoires (éolien, solaire). Faute de vent, les éoliennes ne tournent en moyenne que durant 24 % du temps.

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Cela étant, implanter une éolienne sur son terrain est rentable. Un parc éolien rapporte 6 à 7 euros pour 1 euro investi. Il suffit de 0,2 hectare pour accueillir une éolienne de 2,5 mégawattheures et empocher de 5 000 à 11 000 euros par an. De plus, EDF rachète cette électricité 82 centimes du kilowattheure. Bien que régulièrement diminués, crise oblige, les avantages fiscaux accordés à ces opérations, ajoutent à leur rentabilité.

Nous savons tous, merci, Miguel de CERVANTES, que les moulins à vent sont depuis longtemps à l’honneur au pays de Don Quijote. La Red Eléctrica de España, l’équivalent espagnol d’EDF, nous le confirme dans un rapport, de décembre 2013 où elle nous apprend que l’énergie éolienne est devenue la première source d’électricité du pays. Elle couvre désormais 21,1% de la demande annuelle en électricité supplantant ainsi le nucléaire.

Ce que l’on ne voit pas :

Souvent critiquées par les riverains, les éoliennes sont facteur de nuisances sonores pernicieuses. Une étude de l’ingénieur acousticien australien Steven Cooper, rendue publique le 21 janvier 2015, établit la relation entre infrasons émis par les éoliennes et les troubles de santé ressentis par les riverains.

L’Allemagne, pionnière en matière d’énergie éolienne, tire un bilan décevant de son expérience. (Le commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie) a organisé le 2 octobre dernier, une table ronde sur la transition énergétique allemande (l’Energiewende). Le vice-chancelier allemand Sigmar GABRIEL, en charge de la transition énergétique, est allé jusqu’à déclarer en mai dernier que l’Energiewende était sur le point d’échouer et que les Allemands en avaient sous-estimé la complexité.

Au Canada, Hydro-Québec a demandé à la Régie de l’Énergie une hausse des tarifs de +3.9% pour 2015, dont plus de la moitié (2.1%), sont justifiés par les coûts élevés d’approvisionnement éoliens. Cette hausse fera suite à une hausse de +4.3% en 2014. Des niveaux qui surpassent largement l’inflation générale.

Les causes de ces augmentations sont multiples. Les fabricants d’aérogénérateurs sont principalement étrangers. Dans le top 6 des opérateurs mondiaux, on trouve deux constructeurs chinois, Sinovel et Goldwing. Les autres sont américains (General Electric) ou danois ( Vestas). N’étant pas capables de former un « acteur français  de l’éolien», les groupes industriels Areva, EDF, GDF Suez, se sont associés à ces géants mondiaux. À noter que cet état de fait contribue au déficit de notre balance commerciale.

Le surcoût de l’électricité éolienne est compensé en partie par une taxe qui apparait sur nos factures : la contribution au service public de l’électricité (CSPE). La contribution unitaire pour 2015 s’établit à 19,5 €/MWh, soit une augmentation de 18,8% de la contribution en vigueur en 2014.

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Les associations : Contribuables associés, Vent de colère et la Fédération Environnement Durable ont déposé le 2 septembre dernier une requête conjointe en Conseil d’État pour faire annuler l’arrêté fixant le tarif préférentiel de rachat de l’électricité éolienne signé le 1er juillet par Ségolène ROYAL.

Il est intéressant de noter que cet arrêté contrevient à la procédure règlementaire en matière de dépense publique. Vous avez dit « état de droit » ?

Et pour « enfoncer le clou », figurez-vous que la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), autorité administrative indépendante, a relevé dans sa délibération du 28 mai dernier parue au journal officiel du 1er juillet 2014, que « cet arrêté tarifaire induisait une rentabilité excessive, en particulier pour les parcs bénéficiant des meilleures conditions de vent »

Mais qui profite donc de cet « or vert » ?

Outre les industriels, l’installation d’éolienne est une aubaine pour les agriculteurs qui mettent leurs champs à disposition et à qui elles peuvent rapporter plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. Elles font aussi les choux gras de municipalités qui touchent 25 % de la taxe que rapportent les éoliennes. Certains édiles jouent sur les deux tableaux. Les opposants à l’énergie éolienne font la chasse aux maires qui ont accepté l’installation de parcs sur leur commune tout en étant propriétaires des parcelles sur lesquelles elles sont installées.

Le rapport 2013 du service central de prévention de la corruption (SCPC) dépendant du ministère de la Justice, fait mention « de prises illégales d’intérêts impliquant des élus locaux  motivés par les revenus substantiels tirés de l’implantation d’éoliennes sur des terrains leur appartenant et par un régime fiscal favorable ». Les premières plaintes engagées contre des élus en 2012 commencent à donner lieu à des condamnations. Le tribunal correctionnel de Rodez a récemment condamné une élue à la perte de ses droits civiques pour 2 ans. Cela inquiète tellement le lobby des promoteurs que leur syndicat a écrit aux députés pour leur demander, rien de moins que de modifier la loi relative à la prise illégale d’intérêts.

La loi n° 2013-312 du 15 avril 2013, dite « Loi Brottes », du nom du député de l’Isère qui a défendu ce texte à l’assemblée, supprime deux freins importants constitués par la notion de zones de développement de l’éolien (ZDE) et la « règle des 5 mats », qui limitait le nombre de parcs éoliens.

Dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique, actuellement en discussion au sénat, le syndicat des énergies renouvelables (SER), dans un communiqué de presse du 22 janvier 2015, exhorte les sénateurs de revenir sur leur décision d’abroger les dispositions de la loi Brottes.

Plus inquiétant, le rapport prospectif intitulé «Crime organisé et approvisionnement en énergie»qu’a publié Europol en septembre 2010 est instructif. Le crime organisé investit massivement dans les énergies renouvelables. Selon les auteurs du rapport, en 2020, les organisations criminelles pourraient jouer un rôle de leader dans ce secteur en pleine croissance. «L’intérêt des organisations criminelles pour les secteurs de l’énergie représente un phénomène encore méconnu, mais bien réel ».

Ce que voit Alex Andrin

Le vent, cette incessante agitation de l’air,
Sert aussi bien, à disséminer les odeurs,
Qu’à propager les messages des militaires,
Ou bien encore, rythmer la jolie danse des fleurs.
Quand l’homme domestique cet élément naturel,
Surtout, qu’il prenne bien garde que ce soit pour le bien.
Sinon, quoi qu’il en pense, il n’en restera rien.