Rappel….. des chapitres précédents

Dans mon document relatif à la crise, du 13 avril dernier, j’indiquais :

1 – nous sommes dans de l’inédit en matière de surendettement mondial et de non croissance, voire de décroissance.

2 – il faut s’attendre à une augmentation des prélèvements fiscaux et une poussée inflationniste importante

3 – il m’apparaît comme urgent de réduire très significativement son exposition aux valeurs mobilières, actions, obligations, assurance-vie

4 – cela se terminera TRES mal pour qui n’aura pas anticipé les graves désordres économiques et sociaux engendrés par l’effondrement brutal du système financier mondial actuel

5 – il m’apparaît comme urgent de se positionner sur des biens réels tels que l’or et l’immobilier

Et maintenant ?

1 – Les bilans des banques centrales ont continué d’augmenter (16% par an en moyenne).

Comme la banque centrale américaine (FED) l’a fait avec ses QE1 et QE2, depuis le 6 septembre 2012, la banque centrale européenne (BCE) achète « sans aucune limite quantitative » de la dette toxique (emprunts souverains de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne) qui ne vaut rien.

Pour ce faire elle imprime du papier qu’elle appelle « argent ». Avec celui-ci, elle achète d’autres papiers qu’elle a le droit d’appeler « actifs ».

Le bilan de la BCE était de 848 Mds€ au 31 décembre 2000. Au 17 octobre 2012, il est de 3 053 Mds€ soit 3,6 fois plus important (Source : BCE)

Cela se terminera par un effondrement de la monnaie qui créera de l’hyperinflation. Ce mécanisme est bien connu.

Exemple actuel de l’Iran : pour des raisons différentes (l’embargo), sa monnaie a chuté de 70% et on estime maintenant l’inflation à environ 50% par mois.

La France est particulièrement fragile en matière d’endettement.

Cette année, 50% des acheteurs nets de la dette française vient d’Asie et du Moyen-Orient contre 33% en 2011 et 20% en 2010.

Seuls 30% des acheteurs nets viennent de la zone euro, dont beaucoup de Français, en particulier des assureurs. (Source : Agence France Trésor).

Il ne faut pas perdre de vue que pour nos prêteurs, la chute de popularité du gouvernement dans les sondages, entrainant une perte de soutien qui mènera à une perte de légitimité, est beaucoup plus importante pour le statut de la dette française, que notre performance en matière de croissance.

La cour des comptes, dans son « rapport sur l’état et le financement de l’économie » de juillet 2012 souligne :

« une gestion non soutenable des finances publiques »

« le niveau atteint par l’endettement public fait désormais peser des risques substantiels en cas de remontée des taux »

« l’épargne publique ne suffit pas à couvrir les investissements publics du pays »

«  d’un point de vue intergénérationnel, tout se passe comme si l’entretien du capital accumulé par les générations passées et mis à la disposition des générations actuelles était pour partie assurée, par avance, par les générations futures »

Conclusion sans concession : du jamais vu à la cour des comptes :

La balance des paiements de la France

C’est une donnée essentielle, pourtant très peu médiatisée.

La balance des transactions courantes synthétise le résultat de l’ensemble des activités courantes de la France vis-à-vis du reste du monde.

Elle montreune dégradation régulière, quelle que soit la tendance politique des dirigeants.

La balance commerciale du mois d’août 2012 :

déficit de 5,7 milliards d’euros pour la France

excédent de 18,3 milliards d’euros pour l’Allemagne.

balance_des_paiements

(Source : Banque de France)

La France ne figure plus parmi les 20 pays les plus compétitifs du monde

(Source : rapport 2012 du forum économique de Davos)

Elle perd trois places par rapport au classement publié l’an dernier et figure désormais au 21e rang mondial.

Depuis la création du classement il y a 30 ans, la France n’avait jamais quitté ce top 20

2 – Le projet de loi de finance pour 2013 poursuit son chemin au parlement, avec son lot de (mauvaises ?) surprises mais aussi d’incohérences  (liste non exhaustive):

La création d’une tranche supplémentaire de 45% pour l’impôt sur le revenu

Une « contribution exceptionnelle » de 75% sur les « hauts revenus »

Abaissement du plafond du quotient familial

Abaissement du seuil de plafonnement des « niches fiscales »

Abaissement du seuil d’imposition à l’ISF à 800 K€

Prélèvement forfaitaire de75% sur les bons anonymes

Alourdissement de l’imposition des stock- options

Imposition au barème progressif des dividendes et placement à revenus fixe applicable aux revenus de 2012

Abaissement du plafond de déduction forfaitaire des frais professionnels applicable aux revenus de 2012

Plafonnement des frais de déplacements pour les frais professionnels réels applicable aux revenus de 2012

Ce projet de loi de finance deviendra, le 1er janvier 2013, la loi de finance pour 2013 qui fixera les règles d’imposition des revenus de 2013.

N’oublions pas que tout au long de l’année 2013, elle fera l’objet, comme tous les ans, de plusieurs lois de finances rectificatives dont certaines dispositions prendront effet au 1er janvier 2013, soit avant la date de promulgation de ces lois rectificative.

Comme beaucoup, vous ne manquerez pas de me dire que le code civil dans son article 2, édicte : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif. »

C’est méconnaitre le principe de l’autonomie du droit fiscal. Ce principe à même un nom : la petite rétroactivité, qui n’est pas censuré par le conseil constitutionnel.

L’imagination ne manquant pas en matière fiscale :

Le ministre du redressement productif a récemment déclaré « on gagne beaucoup dans l’immobilier »

En conséquence, il envisage « de soumettre à l’impôt sur le revenu les «revenus fictifs», que constitue l’absence de loyer pour les propriétaires ayant remboursé leur emprunt »

Cette mesure a même été chiffrée. Elle rapporterait 5,5 milliards par an.

3 – La banque et l’assurance

Les produits bancaires

Le 23 octobre 2012, la caisse des dépôts communique :

La collecte nette du Livret A et du Livret de développement durable (LDD) au titre du mois de septembre 2012 est positive avec + 0,19 milliards d’euros pour l’ensemble des réseaux.

Sur les neuf premiers mois de l’année, la collecte s’élève en cumulé à + 17,41 milliards d’euros.

Ma pratique professionnelle me dit qu’il faut être curieux et aller voir plus complètement les chiffres.

encours_livreta

Il ressort de cette analyse que pour le livret A, la collecte de 2012 ralenti très nettement en septembre (plus faible collecte de l’année) malgré l’annonce du relèvement du plafond des dépôts (de15 000€ à 19 125€)

N’oublions pas que les trois derniers mois de l’année enregistrent traditionnellement de faibles collectes voir des décollectes.

Il y a là une amorce de tendance (à vérifier sur les deux prochains mois).

En matière de risques :

Les banques, notamment françaises, nous disent « nous nous sommes séparés de nos obligations risquées » (dettes souveraines grecques, portugaises…)

C’est vrai. Elles ont en grande partie été rachetées par….la BCE !!!

Quasiment toutes les banques utilisent aujourd’hui un effet de levier déraisonnable (entre 20 et 40 fois le montant de leurs capitaux propres) pour investir dans des produits de plus en plus risqués. …avec Notre argent.

La BNP Paribas, avec un levier de 28, le Crédit Agricole avec un levier de 32 et la Société Générale avec un levier de 50, sont au hit-parade du classement mondial des 28 banques présentant un risque systémique.

Notre modèle de « banque universelle »

C’est celui dans lequel nos dépôts participent au financement des activités spéculatives. Il ne posait pas problème quand les pertes étaient minimes.

Par appât du gain, les banquiers en utilisant un effet de levier démesuré, ont augmentés leurs bénéfices mais sont, depuis 2008, en situation de pertes colossales.

Pour s’en sortir, ils font donc un chantage à nos politiques « renflouez-nous. vous ne pouvez pas nous laisser tomber car si nous sommes en faillite, ce sont les déposants (vos électeurs) qui le sont aussi »

Conclusion : les bénéfices pour le monde de la finance et les pertes pour les contribuables

Il est significatif de voir le pouvoir du monde de la banque :

Dernières promesses électorales en date « démanteler les banques universelles en séparant les activités de dépôts des activités de marché»

Dernière déclaration de notre ministre des finances « garder notre système de banques universelles, tout en leur imposant un contrôle plus sévère »

Paroles, paroles !!!

L’assurance-vie.

Le 22 octobre 2012, la fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) et le groupement des entreprises mutuelles d’assurance (GEMA) communiquent :

La FFSA et le GEMA enregistrent une « collecte nette négative » de 100 millions d’euros en septembre 2012

Le mois de septembre enregistre la troisième « meilleure » collecte nette depuis un an.

Les chiffres, qu’il faut « aller chercher» sur leur site, m’inspirent une lecture quelque peu différente :

collecte_cav

A mon sens, une « collecte négative » est une décollecte.

L’assurance-vie a donc enregistré :

une décollecte nette de 100 millions d’euros au mois de septembre 2012

une décollecte de 5,2 milliards d’euros depuis le 1er janvier 2012

une décollecte de 15,1 milliards d’euros sur un an glissant.

Il se produit donc, au moins depuis un an, un phénomène quasi continu de décollecte significatif.

Le « placement préféré des français » deviendrait-il donc moins attractif ?

Ce qu’à mon avis il faut retenir de ces chiffres, c’est que la situation bilancielle des assureurs se fragilise par ce mouvement de fond.

Je n’emploie pas le mot fragilité par hasard ou pour faire peur. Votre vendeur d’assurance-vie vous a-t-il décrit le modèle économique des assureurs?

Je ne traiterais pas ici de la branche dommage, mais chacun comprendra qu’avec la multiplication des phénomènes climatiques violents, la liste des « sinistres exceptionnels » à indemniser s’allonge.

Explications :

L’actif des compagnies est traditionnellement composé

de 10% d’immobilier (aujourd’hui plutôt 6 à 7%)

de 10% d’actions (aujourd’hui plutôt 6 à 7%)

de 80% d’obligations (aujourd’hui plutôt 86 à 88%) européennes donc 100% en € !!!

majoritairement en obligations d’états (dettes souveraines) d’où l’appellation des assureurs « zinzins » signifiant : les investisseurs institutionnels

un peu en obligations de sociétés (Corporate)

Analysons les risques.

Ces obligations Corporates pourraient reposer sur des grandes sociétés (LVMH, Danone, Air liquide..) plutôt solvables,

En réalité, ce sont majoritairement des obligations de sociétés bancaires et financières (type BNP, financière Peugeot, SG…) car elles servent des intérêts plus élevé que celles des Corporates (puisque le risque est plus grand).

Le risque de défaut de remboursement (total ou partiel) de ces obligations d’états souverains et de sociétés bancaires est aujourd’hui avéré (la Grèce, officiellement ; d’autres pays d’Europe du sud, le japon…), la financière Peugeot va être aidée par l’état (Nos impôts)

Les fonds des assureurs (principalement ceux en euros) perdront un partie de leur valeur (selon l’importance de ces « mauvaises dettes ») mais certainement très significative.

De plus, le mouvement actuel de décollecte est gérable. Si il s’amplifie, les compagnies vont devoir vendre leurs obligations avant l’échéance et donc à perte, les fragilisant encore plus.

En 2008 (après le choc des subprimes) des clients de banques et d’assureurs français ont déjà eu de grandes difficultés à récupérer leurs fonds (Source : cabinet d’avocats LECOQ VALLON).

On nous rebat les oreilles avec le fameux « fond de garantie ». Dans mon document d’avril dernier, j’ai déjà démontré qu’il était illusoire de compter sur son application. Mieux vaut ne pas avoir à l’invoquer.

Supposons que les 11 millions de clients de la Société Générale fassent appel au fond de garantie, chacun toucherait….un peu moins de 100€.

Vous croyez toujours aux discours rassurants ?

C’est que vous ne connaissez pas l’article L 612-33 du code monétaire et financier. Il permet de « confisquer » l’argent des assurés.

En effet, l’autorité de contrôle prudentiel (ACP), organe de tutelle des assurances, des mutuelles et des banques, peut « suspendre ou limiter le paiement des valeurs de rachat, la faculté d’arbitrages, le versement d’avances sur contrat »

4 – La crise poursuit inéluctablement son cours, nous rapprochant chaque jour un peu plus des fractures sociales et sociétales qui ont souvent conduites aux guerres.

Paranoïaque? Non. Je suis simplement attentif aux « faits insignifiants » qui ne sont pas relayés par les médias de masse, mais qui, en réalité, fondent une tendance.

L’armée Suisse s’entraine pour faire face à des scénarios de violence civile liés à l’instabilité économique en Europe.

Un exercice grandeur nature (2000 soldats) nommé « stabilo due », a récemment testé la faculté de contrôler les frontières, gares, aéroports,  pour faire face à un éventuel afflux de réfugiés en provenance de Grèce, d’Espagne, d’Italie, de France et du Portugal

(Source : département fédéral de la défense suisse).

C’est la fin d’une croissance infinie dans un monde fini. Il faut nous préparer à la rareté des ressources naturelles si utiles pour fabriquer nos I phones et autres gadgets « si indispensables »

Aujourd’hui encore, trop de personnes ont « de bonnes raisons » pour ne pas accepter cet inéluctable changement. Cette transition se fera malheureusement dans la douleur.

Et mes sous dans tout ça ?

Ce n’est pas la « crise de 1929 bis ».

Nous sommes en train de vivre la plus grave crise économique de toute l’histoire mondiale. C’est une crise de la dette qui nous conduit irrémédiablement à la crise monétaire.

Le modèle de Bretton Wood, issu de la 2ème guerre mondiale est à l’agonie et on n’a pas encore imaginé par quoi le remplacer.

Si pour une grande partie des gens, une crise bancaire et une crise boursière sont surmontables, moins de personnes peuvent se sortir d’une crise économique.

Une crise monétaire (elle se profile à très court terme) n’épargne personne. Quand la monnaie ne vaut plus rien, toutes les classes d’actifs sont touchées.

Les Allemands se souviennent parfaitement des années 1920 où il fallait une brouette de billets pour acheter une miche de pain. Ils ont la mémoire d’où ça les a menés.

C’est en grande partie le fondement de leur hostilité actuelle au laxisme budgétaire des pays d’Europe du sud, dont la France.

A cette époque une once d’or valait 88 000 milliards de Marks. Aujourd’hui une once vaut >< 1700 $ ou 1300€

C’est la raison pour laquelle il faut sans tarder arbitrer son patrimoine en faveur de biens réels (matières premières, métaux précieux, terres et forêts, immobilier…)

5 – L’or

Comme je l’ai précédemment écrit, l’or n’est pas un investissement, c’est une « assurance tous risques » et donc une protection contre l’inflation évoquée plus haut dans le présent document.

L’inflation c’est l’augmentation générale des prix et donc la perte du pouvoir d’achat de toutes les monnaies.

Ce n’est par l’or qui monte, ce sont toutes les monnaies qui se dévaluent.

or_et_monnaies

En 1920 avec une pièce de 20 francs or (le Napoléon 20F) on achetait un vélo.

Aujourd’hui, cette pièce d’or vaut environ 260 € (1 705 francs de 2001).

Elle permet toujours d’acheter un vélo (made in China).

L’or est un baromètre de la situation monétaire. Il vaut mieux détenir de l’or que de la monnaie (quelle qu’elle soit) car leur perte de valeur continuera tant que les banques centrales feront de la création « illimité » de monnaie.

Le 11 janvier 2002, il y avait pour 375,052 Mds € de billets en circulation. Le 5 octobre 2012, il y en avait pour 894,360 Mds €.

De janvier 2002 à octobre 2012, le nombre des billets en circulation en zone euro a été multiplié par 2,38

Le 4 janvier 2002, avec 1000 € euros, je pouvais acheter 3,222 onces d’or. Le 2 octobre 2012, avec 1000 euros, je peux acheter 0,725 once d’or.

De janvier 2002 à octobre 2012, la valeur de l’euro par rapport à l’or a été divisée par 4,44.

(Source : Banque Centrale Européenne)

L’immobilier

C’est LE bien réel par excellence. La France compte 58% de propriétaires.

Il se décline en deux grandes catégories :

l’immobilier de jouissance (résidence principale, secondaire)

l’immobilier de rapport (locatif).

La possession de sa résidence principale repose avant tout sur un critère psychologique.

Pour ce qui de l’immobilier de rapport, à mon sens il faut éviter à tout prix les montages défiscalisants car porteur de trop d’instabilité fiscale. De plus, la conjoncture est clairement défavorable aux propriétaires bailleurs.

Il reste quelques solutions de niches «  à étudier très attentivement », tant les offres « d’opportunités » prolifèrent en cette époque bénie pour les escrocs….pardon, les « conseillers » en tous genre.

Le déroulement de la crise financière est une réelle opportunité pour un investissement financé par l’emprunt.

Là aussi, il est nécessaire « de naviguer au près » car, aujourd’hui il vaut mieux être débiteur de son banquier que le contraire.

En guise de conclusion…..provisoire

Six mois ont passés depuis ma première alerte. Mon diagnostic est inchangé :

Le temps « acheté » par nos politiques coûte de plus en plus cher.

L’heure de « passer à la caisse » est très proche.

Faute de faire les arbitrages nécessaires à temps, les pertes seront de plus en plus significatives.

Comme le rappelait récemment mon ami Charles SANNAT, enseignant en économie, cette citation de Winston Churchill me semble particulièrement de circonstance : « il vaut mieux prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par le cou »

Je partage totalement le pronostique que faisait Jean-Michel STEG, ancien banquier, conseiller au groupe Blackstone (banque d’investissement Américaine) le 17 octobre dernier au micro de BFM Business :

« En France, on ne bougera vraiment que lorsqu’on mettra sa carte dans le distributeur de billet et que ça ne sortira pas….et je pense que ce jour-là se profile »