GRANDEUR ET DÉCADENCE D’UNE INSTITUTION
Alors que pour Hamlet, la question est : « Être ou ne pas être »… pour le G 20, elle a déjà sa réponse : il n’est plus ! Fichtre, cher Hubert, voilà une affirmation bien péremptoire. Cela nécessite, à tout le moins, quelques explications, s’il te plait.
Bien sûr, bien sûr, chers lecteurs, c’est avec un grand plaisir, que je vais de ce chef, demander à mes doigts agiles, de virevolter sur le clavier, soigneusement disposé sur mon bureau, afin de satisfaire votre légitime besoin d’explications. Commençons par le début.
Au commencement était le verbe… mais pour ce qui concerne notre sujet, c’était une volonté des gouvernements des pays aux économies les plus développées.
À la suite de la crise financière de 1987, ils décident de se réunir pour « renforcer l’architecture et la gouvernance mondiales sur les questions économiques internationales ».
Le groupe des vingt (G20) est créé le 25 septembre 1999 à Washington, à l’initiative du ministre des Finances du Canada, lors d’une réunion des ministres des Finances du groupe des sept pays à l’économie la plus avancés du monde (G7).
Le but de ce nouveau groupe est de favoriser la stabilité financière internationale et de créer un dialogue entre pays industrialisés et pays émergents, ce que le G7 ne permettait pas.
Le G20 comprend 19 pays : Allemagne, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, république de Corée, États-Unis d’Amérique, Afrique du sud, Arabie Saoudite, Turquie et deux organismes régionaux : l’Union européenne et depuis 2023, l’Union africaine.
Le mal nommé G20, puisque composé de 21 membres 😊, représente environ 85 % du PIB mondial, plus de 75 % du commerce mondial et environ les deux tiers de la population mondiale.
La présidence du groupe dirige l’ordre du jour pendant un an et organise le sommet annuel. Le G20 se compose de deux volets parallèles : le financier et les Sherpas.
Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales dirigent le volet des finances, tandis que les Sherpas supervisent les négociations au cours de l’année, discutent des points à l’ordre du jour et coordonnent les travaux de fond du G20.
En outre, il existe des groupes d’engagement qui rassemblent des sociétés civiles, des parlementaires, des groupes de réflexion, des femmes, des jeunes, des syndicats, des entreprises et des chercheurs, des pays du G20.
Le dernier sommet du G20 s’est tenu les 18 et 19 courant, à Rio de Janeiro, sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, Lula pour les intimes.
J’ai écrit dans les «Rendez-vous d’Hubert » du 7 novembre 2024, dans le cadre de mon analyse du sommet des BRICS, qui s’est déroulé du 22 au 24 octobre dernier à Kazan :
- « J’anticipe que le prochain G20, qui se déroulera à Rio de Janeiro au Brésil les 18 et 19 courant, fera pâle figure, en comparaison du sommet de Kazan. Retenez que six pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Arabie Saoudite, Indonésie et Turquie), sont aussi membres du G20 ».
Chaque grande réunion des institutions internationales est l’occasion de mentionner dans la déclaration finale des participants… les mantras du pouvoir washingtonien, relatifs aux conflits en Ukraine et en Palestine.
Hélas pour lui, cela n’a pas été le cas pour ce sommet de Rio. Il faut ici saluer l’habileté de « l’ami Lula » dont le pays est membre des BRICS et du G20. Il a réussi à résister aux pressions du ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon SA’AR.
En effet, bien que non membre de G20, celui-ci exigeait que soit mentionné : « la reconnaissance du droit d’Israël à se défendre », la libération des prisonniers israéliens détenus à Gaza et la condamnation du Hamas et du Hezbollah.
Ce n’est pas tout. Le communiqué final est habituellement publié à la fin du sommet. Mais le stratège Lula a soumis au vote la déclaration finale, lors de la séance plénière du 18 novembre…
En l’absence dans la salle, des dirigeants français, allemands et américains, coupant court aux discussions sur le conflit en Ukraine qui s’éternisaient. Chapeau l’artiste !
Il est important de retenir que l’ex-président ukrainien, Volodimyr ZELENSKY, n’a pas été invité au sommet, contrairement à ce qu’il voulait.
Voici la fameuse déclaration finale : l’original (en anglais) et sa traduction en français (via DeepL pro).
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï LAVROV s’est réjoui du texte de la déclaration finale :
- « Nous avons accepté parce que l’essentiel est un appel à une conversation honnête et raisonnable sur la paix sur des bases réalistes ».
Le mari de Brigitte a estimé que le texte aurait dû être plus clairement formulé sur le conflit en Ukraine :
- « Le communiqué a été fermé par le président Lula. Il ne correspondait pas à la position que nous aurions pu prendre. Le texte aurait gagné à être plus franc ».
Le chancelier allemand SCHOLZ a parfaitement analysé la situation géopolitique :
- « Il devient évident que les tensions géopolitiques affectent le G20. Le vent du changement dans les relations internationales se renforce ».
Tout fout l’camp, le G20 se meurt, les BRICS se développent. Même les médias de grand chemin l’admettent du bout des lèvres. Cela aura rapidement des conséquences économiques pour notre pays et donc, pour nos patrimoines.
« L’ancien s’effondre, les temps changent, une nouvelle vie éclot au milieu des ruines »
(Friedrich Schiller)
Chers lecteurs, prenez soin de vous. Je vous aime et vous salue.
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