L’histoire de la Pologne explique la russophobie de ce pays. Déjà à l’occasion de l’insurrection de novembre 1830 au cours de laquelle le pays déclare son indépendance. Le Tsar la réprime en 1831 en lui supprimant son parlement, son armée et en imposant une « russification » de son peuple.

À la sortie de la Seconde guerre mondiale, l’URSS impose à la Pologne le Comité polonais de libération nationale qui débouche en 1952 sur la République populaire de Pologne. En 1955, le pays intègre le pacte de Varsovie. Il faudra attendre les premières révoltes des étudiants en 1968, suivies de celles des ouvriers des chantiers navals de Gdansk et la naissance du syndicat Solidarnosc, menées par Lech Walesa pour voir la tutelle russe s’effondrer avec le départ de la Pologne du pacte de Varsovie en 1989. En 1990 Lech Wałesa est élu président de la République de Pologne. En 1993, les troupes russes quittent le pays.

Malgré ce lourd passé contentieux avec la Russie, il semble que « les choses bougent », selon une étude du conseil européen pour les relations étrangères (ECFR) consacrée à l’évolution de l’opinion des Polonais sur la Russie. Celle-ci, très négative depuis 2014, est en train d’évoluer vers plus de réalisme, voire de bienveillance. Il faut dire que l’agenda anti-russe des gouvernements polonais coûte de plus en plus cher aux contribuables, pour des résultats peu évidents.

En 2019, seuls 15% des Polonais estiment que la Russie est l’ennemi public n°1. Par ailleurs, les jeunes sont plus russophiles que les anciens : 35% des jeunes ont un regard positif sur la Russie contre un ancien sur cinq. De même, il y a une différence entre les sexes : seules 7% des femmes ont une opinion positive de la Russie, contre 17% des hommes. Et plus l’électeur polonais est de droite, plus il est prorusse.

J’analyse plus complètement les conséquences économico politiques de ce phénomène, qui n’est pas isolé en Europe, dans le « rendez-vous mensuel » de juillet 2019 réservé aux abonnés du CPH.