DES FAITS

Mon propos n’est pas de vous faire peur, mais de vous préparer, car c’est en sachant les choses qu’on peut mieux les gérer.

CE QUE L’ON VOIT

Plus, encore plus, toujours plus. Il nous faut toujours des chiffres plus importants, plus démesurés, plus exxxxtravagants…avec comme résultat, le fait que nous percevons de moins en moins le « vrai prix des choses ». C’est dans ce contexte général que la presse s’ébahit des « chiffres record » des ventes réalisées par ALIBABA, l’équivalent chinois de notre « cher » AMAZON, lors de la «fête des célibataires », le 11 de ce mois de novembre. Malins, les dirigeants d’Alibaba. Surfant sur l’évolution de la conception du mariage et de la parenté dans les jeunes générations chinoises, ils ont créé de toute pièce un évènement annuel de portée nationale « la fête des célibataires ». C’est l’occasion d’acquérir en ligne ce jour-là, une quantité impressionnante d’articles à prix réduits, très réduits. Résultats en quelques chiffres :

  • Pour la seule journée du 11 novembre 2017, la plateforme réalise 25,3 milliards de dollars de ventes. C’est un peu plus que le PIB d’un pays comme le Cameroun (24,2 Mds$), l’Estonie (23,1 Mds$) ou la Zambie (21 8 Mds$) !!!
  • Il n’a fallu que 2 minutes pour qu’Alibaba atteigne le montant d’un milliard de dollars de ventes.
  • 15 millions d’articles étaient offerts en promotion (de 10 à 90% de réduction sur le prix habituel).

Un chiffre retient mon attention : 90% des achats ont été réalisés depuis un téléphone mobile…. C’est dire si les Chinois sont connectés. Objets connectés, avez-vous donc une âme ?…. Si, si, c’est la version 2.0 revue et actualisée, de notre célèbre Alphonse de LAMARTINE. À défaut d’âme, les objets connectés jouissent déjà aujourd’hui, et bien davantage demain, de l’intelligence artificielle et, à ce titre, nous réservent quelques surprises comme nous allons le voir ensemble.

Dans mon billet du 25 octobre dernier, je vous relatais le fait qu’en Chine, le déséquilibre important entre le nombre de « camarades hommes » et celui des « camarades femmes » avait, entre autres conséquences, considérablement développé le marché des poupées sexuelles. Prôôôôgrès oblige, un sex-toy classique ne suffit plus. Il faut, aujourd’hui, posséder un sex-toy CO NEC TÉ !!! Régulièrement, je vous mets en garde contre cette tendance à vouloir connecter et interconnecter TOUS nos objets de la vie courante. En effet, nous avons tous fait, au moins une fois, l’expérience de l’envahissement de notre écran d’ordinateur et de smartphone, par des publicités qui, certainement le fait du hasard, correspondaient à des thèmes de recherches que nous avions faites précédemment, à l’aide de notre navigateur préféré. (1984, c’est aujourd’hui. Bien vu l’ami Georges).

Mais revenons… À nos moutons. Dans leur grande sagesse, les organisateurs du concours Lépine, lors de la dernière foire de Paris, ont demandé à une inventeuse ? inventeur ? inventeure ?….. Mais que c’est compliqué d’essayer de pratiquer l’écriture inclusive !!!) Merci Monsieur BLANQUER, de donner un coup d’arrêt à cette ineptie. Je reprends. Les organisateurs ont donc « viré » une des concurrentes, au motif qu’elle présentait… Un sex-toy connecté !!! Il est éclairant de noter que cette même personne a été récompensée, pour ce même produit, par « un prix de l’innovation » décerné lors du dernier salon de l’électronique grand public (CES) de Las Vegas, aux États-Unis. Avec une pareille « caisse de résonnance », nul doute que ce type « d’amusant produit » a une longue carrière devant lui… Quoi que !!! c’est oublier un peu vite les « joies de l’internet ». Entre « les bugs » et les piratages de toutes sortes (réalisés par des amateurs et des états), les « dérapages » se produisent très vite.

Pour preuve le récent « bug » qui a contraint un des plus importants constructeurs de sex-toys connectés, la société hongkongaise LOVESENSE de verser 3,75 millions de dollars à ses utilisateurs pour un arrangement amiable. En effet, une « faille de sécurité » a fait que le fichier audio de l’intégralité de la session d’utilisation du sex-toy, était accessible sur le cloud et donc « récupérable et exploitable » par n’importe qui !!! Manifestement, à défaut d’âme, les objets connectés ont « des fuites » ? ? ?.

CE QUE L’ON NE VOIT PAS

Au-delà de ce fait « amusant », nos pratiques informatiques actuelles nous exposent de plus en plus à ce genre « d’incident »….. Le choix du terme incident n’est pas anodin, car il faut minimiser « les ratés » afin de continuer de créer et alimenter un marché É NOR ME : celui des objets connectés. Aujourd’hui, il s’élèverait à 8,4 milliards et devrait atteindre les 10,5 milliards à l’horizon 2020. MAIS… Quand un expert de la sécurité sur Internet nous précise que « l’on dénombre en moyenne 25 vulnérabilités par objet connecté, parmi les 10 plus usuels dans un foyer (webcams, thermostat intelligent, Smart TV, etc.), on mesure aisément les risques existants au sein d’un seul foyer. Les Français sont d’ailleurs relativement conscients des risques liés à l’Internet des Objets (IoT). Une grande majorité d’entre eux (90 %) admet être soucieuse quant au sujet du piratage et de l’usage de leurs données personnelles par des hackers », cela incite à la réflexion.

La vulnérabilité de nos données est d’autant plus grande que l’utilisation du cloud est maintenant omniprésente. Réflexe professionnel oblige, plutôt que de vous livrer une définition, soit « technique », à laquelle on ne comprend pas grand-chose (c’est même fait pour ça) ou encore une définition donnée par un fournisseur de services cloud (ce n’est pas ce qui manque), je préfère, et de loin, citer celle de l’excellent site de vulgarisation : culture informatique « le cloud computing c’est de pouvoir utiliser des ressources informatiques sans les posséder ». Mis « à ma sauce », cela donne : Afin de pouvoir utiliser une ressource (un logiciel, un service…), je DOIS accepter que « le moteur du système » soit possédé par une entité commerciale dont les intérêts ne coïncident pas obligatoirement aux miens. De plus, pour « alimenter la machine » je DOIS fournir MES données (de plus en plus de données confidentielles, de plus en plus sans rapport « apparent » avec l’utilisation de ce logiciel ou ce service),  indispensables pour « que tout fonctionne bien  ». Au bout du compte, je ne maîtrise plus grand-chose et je suis dépendant du fournisseur. Cerise sur le gâteau, comme nous l’avons vu précédemment, les flux d’informations, réputées être sécurisées, ne sont pas à l’abri « d’interceptions pirates » mais pas que…. Beaucoup plus basiquement, comme je viens de le subir jeudi 9 de ce mois de novembre…..Une panne électrique affectant des serveurs de la société qui héberge mes activités a ainsi impacté 3 millions de sites. Et pourtant, la société OVH est certainement une des plus sérieuses dans son domaine. Vous me pensez chauvin du fait qu’OVH est une société française ?

Parlons donc de Google, société « sérieuse » s’il en est. Un site spécialisé recense les pannes des principaux fournisseurs d’accès…dont Google. Comme vous le voyez, la liste est longue. Plus « dérangeant » à mes yeux, la panne du 2 novembre 2017 qui a vu le blocage de l’accès à « Google docs », une des applications phare de la société, permettant de travailler à plusieurs sur un même document. L’analyse de cette panne par Michel DELAPIERRE, reporter à Économie Matin, est sans équivoque : « Ce jour-là, de nombreux utilisateurs ont vu s’afficher sur leurs écrans un message de déni d’accès, sous prétexte de contenus « inappropriés » dans leurs documents. Une preuve manifeste que lorsque des documents sont créés ou hébergés sous Google Docs, leurs contenus sont systématiquement scannés et étudiés par l’Intelligence artificielle maison, à la recherche d’éventuels contrevenants à une « charte » Google dont on ignore les termes exacts ».

Le prôôôgrès qui est censé nous soulager des tâches difficiles et rébarbatives, nous apporter plus de confort et nous rendre plus HEU REUX, ne fait qu’augmenter notre dépendance : à l’outil informatique, puis au réseau Internet et maintenant, en plus, à l’intelligence artificielle. Celle-ci va bouleverser notre quotidien, il reste encore à savoir dans quelles proportions et, une question essentielle : qui en aura le contrôle ? S’il est acquis que cette technologie fera à notre place les choses mieux que nous et pour beaucoup moins cher, la question centrale est : va-t-elle nous remplacer, tout court ???

En nous coupant chaque jour d’une » réalité humaine » qui devient de fait, de plus en plus difficile à affronter, nous nous dirigeons allègrement vers la fin de l’homo sapiens. Continuer à jouer à l’apprenti sorcier ne me semble pas augurer de lendemains radieux. Pensons-y avec obstination pour ne pas succomber aux arguments du vendeur qui voudra nous caser son merveilleux dernier modèle d’appareil connecté.

Dans le domaine de nos ordinateurs portables, une évolution technologique va bientôt davantage encore, nous « enchainer ». Je demande pardon aux lecteurs férus d’informatique et de technologie, car je vais « faire simple ». À l’intérieur de nos PC se trouve une composante très importante : la mémoire. Elle se décline en une « mémoire vive » (RAM), qui stocke les données que nous utilisons pour réaliser nos courriers, nos calculs… et une « mémoire morte » (ROM), qui stocke toutes les données du PC quand celui-ci est éteint. La mémoire vive est rapide et chère alors que la mémoire morte est lente et bon marché. Lors d’une séquence de travail, le PC « va chercher » dans sa mémoire morte les éléments dont il a besoin et les transfère dans sa mémoire vive, pour que celle-ci puisse réaliser la tâche que nous lui demandons. Ce temps de transfert est « long »…. À l’échelle du processeur (l’élément du PC qui réalise les calculs).

Intel, le premier fabricant mondial de semi-conducteurs, prévoit une commercialisation pour 2018 d’une nouvelle technologie de mémoire, la « 3D XPoint ». Cette « merveille » combine le « meilleur des deux mondes » des mémoires actuelles. Le résultat attendu est un accès immédiat à toutes les informations nécessaires pour travailler. Le PC démarrera instantanément. Les applications seront actives en permanence. Toutes les requêtes seront instantanées. Cela signifie que nos machines réagiront instantanément à nos demandes…. Le rythme actuel de travail qui nous est demandé (déjà stressant) n’est rien à côté de ce qui nous attend…. Qu’on se le dise !!!

 

NE SOYEZ PLUS DES PIGEONS, DEVENEZ SEREIN

En quoi tout cela me concerne ? De toute manière, je ne peux rien faire à mon niveau. Et mes sous dans tout ça ?…… « Soit le changement que tu veux voir dans ce monde » (GANDHI).

Il faut nous préparer à ce nouveau « saut technologique inéluctable », en termes de méthodes de travail. Cette nouvelle « instantanéité » nuira, sans aucun doute, à la réflexion et le recul indispensable. Par voie de conséquence, le nombre de « bugs humains » sera en augmentation exponentielle. De plus, les personnes ne pouvant « s’adapter » à ces nouveaux rythmes de travail seront très vraisemblablement exclues du système. Sans aucun cynisme… quoi que !!! Je pense qu’il va se présenter « une ribambelle d’opportunités ». Des professions nouvelles sont à inventer. Faisons marcher nos méninges.

Un retour : à la nature, aux « anciennes » valeurs, à l’humain, permettra certainement d’échapper à cet avilissement de l’homme. Il est temps de penser à une reconversion « hors » du dictat de « la machine ». Voilà que me revient le souvenir de la philosophie prônée par Steve JOBS et Steve WOZNIAK, les créateurs d’APPLE : « Mac, l’ordinateur qui apprend l’homme à la machine »….. J’ai bien l’impression que nos « brillants ingénieurs » ont une vision inverse pour ce qui est de notre futur. Nostalgie, quand tu nous tiens.

Chers lecteurs, prenez bien soin de vous. Je vous aime et vous salue.