CE QUE L’ON VOIT :

Comme chaque année, les résultats du « contrat de référence », c’est-à-dire, le « fonds garanti en Euros » de l’AFER, sont attendus par toute la place et par les épargnants. Ce sera 3,05% pour l’année 2015. Pour apprécier ce qui est perçu réellement, il faut soustraire les prélèvements sociaux, actuellement de 15,5%, soit un « net en poche » de 2,58%.

S’il est communément admis que « le compte AFER donne le ton », l’éventail des rendements pour les fonds en Euros de l’année 2015 des principaux contrats du marché, se situe entre 1,25 % pour le contrat « Confluence » du Crédit Agricole (1,06% net en poche) et 4 % pour le contrat « Sérénipierre » de Suravenir (3,38% net en poche).

Quand je dis « net en poche », c’est évidemment, avant fiscalité. Celle-ci dépend de l’ancienneté du contrat et de l’option fiscale choisie par l’épargnant : prélèvement forfaitaire libératoire de l’impôt sur le revenu (PFL) ou incorporation aux autres revenus. Contrairement à ce que croient encore de trop nombreux épargnants, après 8 ans de détention dans le cadre du PFL, il y a toujours une ponction fiscale ….de 7,5% !!! Sauf, il est vrai, pour les deux contrats dits « DSK et NSK », ceux-ci ayant en contrepartie, une obligation spécifique de placement dans des actions « à risques ».

Comme nous y invitent les « conseilleurs » de toutes sortes, si l’on fait la comparaison avec le rendement du Livret A (0,75%)……l’assurance-vie ne peut que rester « le placement préféré des Français » comme aiment à dire les grands médias.

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Source XERFI Canal TV

Alors que la constitution d’un complément de retraite n’est la motivation que de 27% des Français, cette enveloppe est répartie à 46% en assurance-vie, loin devant le PEA (22%), l’assurance-retraite (21%) et l’épargne salariale (7%). Les livrets défiscalisés ne représentant que 4%. C’est donc 89% de l’épargne en vue de la retraite, qui est investie dans l’assurance-vie sous ses diverses formes (individuelles ou collectives). La collecte des compagnies d’assurance en 2015 est de 156 milliards d’Euros (+ 4,7% par rapport à 2014). C’est peu dire de la « confiance » que nous avons dans ce secteur financier.

Pourquoi de telles disparités entre les 1,25% du Crédit Agricole et les 4% de Suravenir ? Les assureurs vie ont employé les mêmes méthodes qu’en 2014 pour se hausser en bonne place au classement annuel et ainsi continuer à collecter des fonds. Ne vous a-t-on pas encore proposé les « nouveaux fonds euros dynamiques » qui rapportent plus que ceux des autres compagnies ? La recette est simple. Il suffit pour l’assureur de privilégier davantage d’actifs immobiliers dans son fonds en euros.

Autre technique, moduler le montant des bénéfices distribués. Je demande pardon à mes lecteurs spécialistes du droit de l’assurance, mais je vais « faire simple ». La règlementation accorde à l’assureur la possibilité de mettre en réserve une partie des bénéfices de l’année, dès lors que la totalité de ceux-ci est distribuée dans un maximum de huit années. On comprend bien qu’une savante répartition entre ce qui est distribué et mis en réserve impacte la performance annuelle du contrat que l’assureur souhaite mettre en avant dans sa communication au public.

Plus subtile encore, la technique de « la bonification ». En contrepartie d’un montant significatif (entre 50 000 et 250 000 € selon les compagnies) sur le contrat ET une répartition de l’épargne privilégiant le fonds en unité de compte du contrat (exemple 50% chez Suravenir), l’épargnant se voit attribuer un « bonus » de rendement sur son fonds en euros (+ 0,5% pour AXA).

CE QUE L’ON NE VOIT PAS :

Une donnée intéressante communiquée par les assureurs, est que 54% de la collecte nette des compagnies est investie en unités de compte (UC), le reste, 46%, l’est donc sur le fonds en Euros.

Pour mieux comprendre comment est placé notre argent, il est maintenant nécessaire de s’intéresser aux éléments fondamentaux de l’assurance-vie

Historiquement, les contrats d’assurance-vie limitaient l’investissement à un seul support financier, d’abord en euros puis, plus rarement, en unités de compte. Au fur et à mesure du développement du marché, les contrats sont devenus multi supports, permettant l’accès à un support en euros (parfois plusieurs) et à une gamme d’unités de compte plus ou moins étendue : parts d’OPCVM, de SCPI, ou de titres vifs (actions ou obligations).contrats_en_euro

Maintenant que nous avons parlé des supports financiers, abordons la notion de fond de placement, autrement dit : ce qu’il y a dans ces différents supports. Honneur au plus ancien historiquement, le fonds en Euros. Si en théorie, le gestionnaire du fonds place les sommes déposées sur le contrat comme il l’entend, dans la pratique, comme il est tenu de rembourser à l’échéance du contrat une somme au moins égale aux primes nettes augmentées des intérêts capitalisés, ces contrats sont majoritairement investis dans des supports « jugés sans risque » que sont les obligations et principalement les obligations d’état.

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Source : Good Value for Money

La « sécurité proclamée » du fonds en euros vient de la croyance que « l’état ne peut pas faire faillite » et aussi du « mécanisme du cliquet ». Tout comme pour le livret de la caisse d’épargne, chaque année les intérêts générés s’ajoutent au capital investi. De ce fait, ce capital sera donc toujours plus important l’année n+1 que l’année n. C’est, ce que les mathématiques financières désignent sous le nom des intérêts composés.

Voyons maintenant le fonds en unité de compte (UC). Ces fonds n’ont pas pour référence l’euro, mais une unité de compte, représenté par des actions, des obligations ou des parts de société (OPCVM, ou aussi des fonds de fonds (OPCVM lui-même composé de différents OPCVM). Ces fonds sont à capital variable. Leur valeur variant à la hausse ou à la baisse en fonction de l’évolution de la valeur des unités de compte, elles-mêmes reflétant les fluctuations des marchés boursiers ou immobiliers de référence.

Contrairement au fonds en euros, l’assureur garantit le nombre d’unités de compte, mais pas leur valeur au cours de l’exécution du contrat. Le souscripteur assume seul le risque de placement.

Explications :

–  Dans un fonds en euros, j’investis (hors frais d’entrée) 100 € sur le contrat, La valeur de mon épargne est de 100€. Elle va augmenter chaque année du fait du mécanisme du cliquet précédemment décrit.

–  Dans un fonds en UC, j’investis (hors frais d’entrée) 100 € sur le contrat. La valeur de mon épargne est transformée en 100 unités de compte. C’est la valeur, au jour de l’investissement, du panier d’actions et d’obligations de cette UC. Au fur à mesure des fluctuations du marché boursier, ces actions et obligations composant mon UC vont prendre ou perdre de la valeur. Le mécanisme du cliquet n’existe pas dans ce type de fonds. Dans l’absolu, je peux beaucoup gagner mais aussi perdre jusqu’à 100% de mon investissement en fonction de l’évolution de la valeur des titres composant mon UC.

Avec le fonds en UC, l’assureur transfère totalement le risque à l’épargnant. Pour vous en convaincre, le code des assurances impose aux assureurs une marge de solvabilité de 4% de la provision mathématique, pour les fonds en euros, alors qu’elle n’est que de 1% pour les fonds en unité de compte. Hélas, les assureurs, historiquement gestionnaires de risques, sont devenus sous la pression de la « bancassurance », de simples « sicaviers ».

ET MES SOUS DANS TOUT ÇA :

Nous venons de le voir, plus de 80% de la performance repose sur les emprunts d’État…..dont j’ai déjà expliqué qu’ils ne seront pas remboursés. Bien évidemment, les prescripteurs de toute sorte vous rassureront en vous affirmant le contraire. Demandez donc à votre « conseiller » qu’il vous explique clairement son modèle économique et donc sur quelle base est assise sa rémunération d’intermédiaires en assurance.

Pour tenter de « sauver le soldat assurance-vie », le législateur a conçu un produit miracle….le bien mal nommé « Euro Croissance ». L’ordonnance 2014-696 du 26 juin 2014 a modifié le code des assurances en créant ce nouveau produit.

Lancé sur le marché en 2015, l’Euro Croissance est un contrat multi supports dans lequel est prévue une garantie du capital investi (versements nets de frais) qui n’est acquise qu’après une période minimum………de 8 années. Cerise sur le gâteau, le contrat peut prévoir une garantie inférieure au montant des primes versées (nettes de frais). Royal, non ??? C’est tout simplement la possibilité pour l’assureur de moduler l’étendue de la garantie en fonction de la durée du contrat. Pensez donc, une garantie de 80 % des versements moins les frais, au bout de 8 ans et 100 % de celles-ci au bout de 10 ans, ou 12 ans !!! Sicaviers, je vous dis, sicaviers !!!

La loi de finances pour 2016 nous confirme l’augmentation continuelle de l’écart entre les recettes (221,5 milliards d’euros) et les dépenses (296 milliards d’euros). Je le répète, le défaut de remboursement des dettes souveraines se produira inéluctablement. Ce n’est qu’une question de temps.

Il est l’heure de regarder les choses en face et faire preuve de courage intellectuel. Continuer à faire confiance « au système » ou plutôt croire le discours des « contrariens » comme je suis fier de l’être, LA, est la question. Dans cette alternative, la réalisation d’un audit de ses contrats d’assurance-vie se révèlera une aide précieuse à la décision.

C’est qu’il va bien falloir prendre des décisions, quand on sait que dans le hors bilan de la France (non comptabilisé dans les critères de Maastricht comme je l’ai déjà expliqué) les dépenses non provisionnées des retraites à la charge de l’état représentent 3,6 fois le PIB (plus de 7 000 milliards d’euros) !!!

L’état ne pourra pas verser nos retraites. Nos contrats d’assurance-vie ne seront pas d’une grande efficacité non plus. Il FAUT prendre conscience de cela et procéder aux arbitrages indispensables avant que cela ne soit plus possible.

Ce que voit Alex Andrin

Les mots « assurance » et « vie » sont rassurants.
Cela doit aiguiser notre vigilance.
Il ne faut pas tout prendre pour argent comptant.
Et voir qui, peut mériter notre confiance.
La réalité, il nous faut bien l’affronter.
Afin de continuer à pouvoir exister.
Gardez confiance, je vous aime et vous salue.