Ce que l’on voit

Les banquiers, tellement sûrs de leur toute-puissance en matière de moyens de paiements, n’ont pas vu venir le développement du commerce par Internet et la vague des paiements en ligne, qui se sont donc développés sans eux.

Depuis 2009, nous assistons à l’’ascension du Bitcoin, la première et la plus célèbre des cryptomonnaies qui, si elle est la plus connue, n’est pas la seule.

De façon plus générale, la multiplication des sites de partages, d’échanges, de trocs et de ventes entre particuliers représente une réalité économique certaine…..Qui échappe aux statistiques officielles !!!

La difficulté posée, entre autres, par le Bitcoin aux  gouvernants, est l’anonymat, donc l’impossibilité de tracer les échanges et surtout, de pouvoir aisément fiscaliser la détention de cette monnaie, comme s’en émeut notre ministre des finances. Mais comme il désire, avant tout à nous rassurer (c’est une manie des hommes politiquer) il nous précise « réguler n’est pas museler ». Symptomatique, non ?

Le développement des relations P2P sur Internet a aussi donné l’habitude de la notion d’appréciation du service. Même si certains abus sont souvent dénoncés, le principe de « la notation » est devenu une généralité. Qui d’entre nous ne va pas consulter les forums avant de procéder à un achat ? Les banquiers ont beau publier des « sondages flatteurs » à leur endroit, l’internaute est de mieux en mieux informé des réels dysfonctionnements du système.

Par ailleurs, le développement des Darknets, ces réseaux virtuels privés et discrets, est bien réel. Leur utilisation par «les mafias et les terroristes», bien réelle elle aussi, mais outrageusement mis en avant par le monde politico-financier, ne doit pas cacher ce phénomène irréversible : Une forme d’expression de la liberté des internautes, qui est de plus en plus attaquée sur l’Internet officiel.

Autre exemple avec PayPal qui, dès 1998, met en place un système de paiement en ligne plus sécurisé, plus rapide que les paiements bancaires. De plus, la gratuité des transferts de compte à compte et le fait de pouvoir  payer « sans aller au distributeur de billets » sont des services qu’ aujourd’hui les banques sont incapables de réaliser.

Une autre innovation, française, celle-là : la Vera Carte. Créée fin 2012 par Jean-François FAURE, déjà créateur en 2009 du concept AuCoffre.com,, système d’échange d’or physique entre particuliers, hors réseau bancaire. La Vera Carte est une carte bancaire (Mastercard) qui est adossée à des actifs tangibles (or, argent, diamant). Contrairement aux comptes bancaires traditionnels, qui ne reposent que….sur une ligne d’écriture comptable dans les livres de la banque.

Toujours au rayon des moyens de paiement novateurs, le compte Nickel. Comme la Vera Carte, c’est une innovation française. Fondé par Hugues Le Bret, ancien PDG de Boursorama, il se définit comme « le compte sans banque, accessible à tous ». Il est disponible depuis février 2014, uniquement dans les bureaux de tabac.

Bien sûr, il faut aussi mentionner le financement participatif (crowdfunding) qui est actuellement en plein développement.

Malgré les tentatives des banques de « récupérer » ce mouvement, la lame de fond est trop grande pour ne pas fortement se développer. Comme souvent, les USA sont en avance sur le sujet. Un « club de prêt entre particuliers », la société LendingMemo, enregistre une progression impressionnante :

lending-club

Ce que l’on ne voit pas

Alors que le système financier actuel, quoi d’en disent les gouvernants et les grands financiers, est « en phase terminale », il ne tient qu’à chacun de nous de réagir. Critiquer le système n’apporte rien si cette critique n’est pas assortie de propositions, plus en adéquation avec l’intérêt général.

Incontestablement, à mon sens, le Bitcoin est une parfaite illustration, dans le domaine des moyens de paiement, de ce que sera « le monde de demain », qui émerge sous nos yeux chaque jour, comme le remarque un observateur attentif aux changements de la société.

En effet, il est une des matérialisations de quelques principes fondamentaux de vie en collectivité, tellement délaissés dans les temps actuels : la responsabilité, l’ouverture au plus grand nombre, l’implication personnelle. Cette philosophie est clairement annoncée sur le site de la communauté Bitcoin.

Il suffit de voir les réactions du monde politico-financier, pour notre sécurité, bien sûr, face au phénomène de la crypto monnaie, pour gager que celui-ci ne va pas dans le sens de leurs intérêts propres.

C’est tout simplement une proposition, novatrice et donc, par définition, perfectible, de la remise en cause de pratiques jugées défaillantes et/ou perverties, comme l’illustre bien la définition donnée par la communauté Bitcoin au  P2P :                                                                                                                                                                                                              « Pair à pair fait référence à des systèmes qui fonctionnent comme une collectivité organisée en permettant à chaque individu d’interagir directement avec les autres. Dans le cas de Bitcoin, le réseau est construit de manière à ce que chaque utilisateur diffuse les transactions des autres utilisateurs. Et, chose cruciale, aucune banque n’est requise en tant que tierce partie.»

Au-delà de la facilitation du paiement en ligne, le Bitcoin, tout comme PayPal, la Vera Carte et le Compte Nickel sont, aussi, une forme de réaction à « l’emprisonnement par la finance » dont nous sommes de plus en plus les victimes.

La stratégie du monde bancaire est claire : conserver les deux activités de banque de dépôt et de banque d’investissement, pour pouvoir continuer à accumuler des gains importants, quand leur spéculation est gagnante, et avoir un moyen de chantage avec les gouvernants, pour forcer ceux-ci à « les sauver », quand leur spéculation est perdante. Le « sauvetage » se traduisant par l’utilisation de l’argent des contribuables. C’est ce que l’on a appelé le bail-out. Les « sauveteurs » sont hors (out, en anglais)du système financier.

Mais, suite à la crise de 2008, « les leçons ont été tirées ». Pensez donc, plus question de faire payer les contribuables, finit le bail out. On va faire payer les déposants. Vive le bail in. J’en ai parlé dans mon dernier billet, l’utilisation du « fonds de garantie » de nos dépôts bancaires !!!.

En tendance, l’activité de dépôt des banques est en diminution. C’est gérable pensent-elles. On continue à automatiser et à réduire les agences, mais que vont-elles devenir, à moyen terme ? Certainement plus grand-chose.

Il leur reste donc l’activité de l’investissement, juteuse, mais de plus en plus risquée tan leur spéculation accentue la décorrélation entre la « haute finance » et l’économie réelle. Avec l’utilisation du trading haute fréquence, les banques d’investissement deviennent de véritables « hedges funds parasites ».

J’ai eu l’immense bonheur, dans une de mes vies professionnelles antérieures, en tant que pompier de Paris, de mesurer (hélas trop souvent) comment la solidarité se développe, lorsque l’homme est confronté à une situation de crise aigüe qui le touche directement. J’en suis certain, quand le premier « gros problème financier » d’un de nos fleurons bancaires surviendra (n’en doutez pas, il est de plus en plus proche), une grande partie d’entre nous remettra en cause ses « options et certitudes d’avant ».

Financer les particuliers et les petites entreprises de proximité peut se faire plus efficacement que par les banques. Au 1er janvier 2013, sur 3 752 544 entreprises recensées par l’INSEE (hors agriculture), plus de 68% n’avaient pas de salariées et 26% avaient de 1 à 9 salariés. Autrement dit, 94 % des entreprises de France sont de taille humaine et proche de notre lieu de vie.

Financer des micros structure à côté de chez soi, c’est bien la « voie royale » du vivre ensemble, non? De plus, l’état pourrait retrouver son rôle d’arbitre, n’étant plus « pollué » par ces anciens banquiers devenus « conseillers ». Enfin, les assureurs pourraient redevenir les « gestionnaires de risques » qu’ils étaient avant de devenir « des sicaviers », phagocytés par le monde de la finance.

Sicaviers : Appellation chère à mon ami actuaire et enseignant Michel BISCH, observateur attentif du monde de l’assurance. Mais si vous connaissez. Ce sont des vendeurs de Sicav (CQFD).

Il est encore temps. Retrouvons notre bon sens populaire. Vous vous souvenez de ce proverbe de nos parents « c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe ».Et bien, figurez-vous que le financement communautaire et participatif (c’est quand même plus joli que crowdfunding) est né au XVIIIe siècle. Amusant, non ?

Réveillons-nous. Il nous faut inventer le « monde de demain ». Nous le devons à nos enfants.

Ce que voit Alex Andrin

Le pouvoir de changer les choses est à nous.
Pour ce faire, soyons curieux et obstinés.
Posons des questions. Rien ne doit rester tabou.
C’est en restant passif que nous serons ruinés.
Tant de nos certitudes se sont envolées,
Qu’il est temps d’arrêter d’être manipulé.
Gardez confiance, je vous aime et vous salue.